Voici l’épopée ordinaire d’un des plus magnifiques anti-héros de la littérature : Frédéric Moreau. En pleine monarchie de Juillet, entre Nogent et Paris, suivons les déambulations amoureuses et politiques de cet enfant d’un siècle en pleine mutation.
De ce roman d’apprentissage qui pulvérise nos dernières illusions, deux acteurs-musiciens font une matière à jouer moderne et survoltée. Flaubert s’électrise !
Notre avis : Le duo composé de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps revisite un pavé de la littérature qui, avouons-le, semble avoir bien vieilli. Le duo raconte au public l’intégralité du roman, ici largement condensé. Les atermoiements de Frédéric Moreau ont tôt fait de fatiguer et les évocations des violences policières d’alors, censées résonner avec celles que notre société connaît, si elles montrent que rien n’a véritablement changé, perdent de leur portée tant elles sont appuyées. Le texte adapté par Paul Émond mélange la plume de Flaubert avec des formules plus contemporaines qui permettent aux deux protagonistes, qui endossent de nombreux rôles, de commenter l’action, voire de s’adresser au public.
Le spectacle est enrichi par une partition soit enregistrée, soit jouée en direct. Aucune chanson (à part une reprise partielle de « Porque te vas ») mais une musique qui sait se faire discrète quand il le faut et qui souligne le propos ou les sentiments des personnages. Un spectacle, sans doute à réserver en priorité aux amoureux de Flaubert, qui vaut essentiellement par les performances habiles de ses artistes principaux.