Bienvenue chez Jacques Prévert, le poète, le cinéaste, le libertaire, l’anarchiste, le surréaliste… Fatatras ! c’est un joyeux hommage au plus populaire de nos poètes modernes.
Un voyage en fantaisie dans l’univers de cet intemporel jongleur de mots, rythmé par les compositions de Joseph Kosma qui l’a mis en musique.
Notre avis : Quel délice que ce spectacle porté par ce tandem épatant composé d’Anne Baquet et de Jean-Paul Farré. Sans didactisme, ils ont pioché dans l’œuvre du grand Jacques au gré de leurs envies, de leurs intuitions, et offrent au spectateur un moment enchanteur. Impossible de résister aux bons mots du poète, aux prises de position humanistes contenues dans ses poèmes. Ceint dans le petit théâtre du Poche Montparnasse, les deux artistes et leur metteur en scène savent tirer parti d’un plateau réduit. Les draps, recouvrant divers objets, se dévoilent au fur et à mesure de la représentation, libérant tantôt une malle, tantôt un xylophone ou encore un orgue de barbarie : instruments qui viendront parfois soutenir le chant des artistes. Impeccables dans la diction, mélodieuses quand il s’agit de chanter, les voix portent haut les mots du poète qui s’impriment durablement dans la mémoire des spectateurs. Le choix des textes suggère un parcours dans l’œuvre de l’artiste où l’aphorisme rigolard côtoie un texte bien plus sombre et engagé. Lumineux spectacle qui donne en outre envie de se replonger dans l’univers de cet artiste si attachant.
Si vous en avez la possibilité, n’hésitez pas à visiter la maison de Prévert sise dans le Cotentin, à proximité de Port-Racine (le plus petit port de France) de même que le jardin, situé non loin, qui lui est dédié et dans lequel, au détour d’un petit chemin, surgira un poème écrit sur un tableau apposé à un arbre ou encore, se prélassant dans le petit ruisseau, une baleine qu’il vaut mieux éviter d’aller pêcher ; les conséquences, c’est bien connu, en sont fâcheuses. C’est d’ailleurs avec cette “Pêche à la baleine”, mise en musique par Joseph Kosma, que s’ouvre ce spectacle que les jeunes générations feraient bien de découvrir, tant la plume de Prévert est intemporelle. S’il était question de ne retenir qu’une citation du poète, notre choix se porterait sans doute vers : “La poésie, c’est le plus joli surnom qu’on donne à la vie.” Ce spectacle en est la preuve.