Adieu, Diane Keaton

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L’actrice américaine est décédée le 11 octobre à l’âge de 79 ans. Si elle s’est très vite tournée vers le cinéma, elle a, au tout début de sa carrière, joué au théâtre et même dans une comédie musicale.

De Diane Keaton on garde l'image, sur grand écran, d'une femme élégante, au style inimitable, drôle, à la franche repartie, facétieuse, au charme singulier. Elle se fait remarquer en 1972 dans Le Parrain en interprétant la deuxième femme de Michael Corleone alias Al Pacino – rôle qu'elle reprendra dans les deux autres volets de la trilogie en 1974 et 1990. En 1977, dans À la recherche de Mister Goodbar, elle joue une institutrice le jour qui fréquente les bars de nuit pour s'éveiller sexuellement et y croise Richard Gere. Son humour séduit Woody Allen, qui la fera tourner dans huit de ses films, notamment Manhattan (1979) et surtout Annie Hall (1977), qui lui vaut l'Oscar de la meilleure actrice. De ce film, on retient également la reprise veloutée de « Seems Like Old Times », une chanson populaire de 1945 :

Au début des années 1980, Diane Keaton incarne une journaliste activiste féministe dans Reds de et avec Warren Beatty – film dans lequel on peut entendre « Goodbye for Now », une chanson signée Stephen Sondheim, reprise plus tard par Bernadette Peters et qu'enregistrera Barbra Streisand en 2003.

Diane Keaton retrouve Woody Allen en 1993 pour Meurtre mystérieux à Manhattan et en 1987 pour Radio Days, avec là encore une belle occasion d'entendre son timbre argenté. Elle y chante « You'd Be So Nice to Come Home To », une chanson composée par Cole Porter en 1943 :

Son humour fait mouche dans Le Père de la mariée aux côtés de Steve Martin en 1991 et 1995. Et en 1996, elle partage l'affiche avec Bette Middler et Goldie Hawn dans Le Club des ex, dont la reprise en trio de « You Don't Own Me » vaut le détour :

Au vu de ses nombreux rôles au cinéma, on sait moins que Diane Keaton a commencé sa carrière sur les planches de Broadway. En 1968, elle auditionne pour Woody Allen, qui la choisit, en dépit de sa grande taille, pour jouer dans sa pièce Play It Again, Sam. Cette comédie romantique tient l'affiche plus d'un an, de février 1969 à mars 1970 et vaut à Diane Keaton une nomination aux Tony Awards – elle reprendra son rôle dans l'adaptation pour le cinéma réalisée par Woody lui-même en 1972.

Et c'est même avant ce succès de théâtre, dès 1968, que Diane Keaton fait ses débuts à Broadway, qui plus est dans une comédie musicale qui vient d'être créée : Hair. Peu après la première du spectacle le 29 avril au Biltmore Theatre (aujourd'hui le Samuel J. Friedman Theatre), elle décroche une audition. Elle est éliminée au bout d'une chanson. Mais, tandis qu'elle sort du théâtre, le producteur la rattrape, la jauge de haut en bas et lui dit : « Vous restez ! » Le 30 juin 1968, précise le site Playbill.com, elle rejoint donc la troupe de la production originale : elle est alternativement un membre de la tribu, un parent, une serveuse. Puis elle est promue doublure du rôle de Sheila, le rôle féminin principal, et au bout de trois mois, lorsque Lynn Kellogg quitte la production, elle devient la nouvelle titulaire – les producteurs lui disent, au passage, de perdre du poids.

Elle fait parler d'elle dans la presse pour la première fois en raison de son refus de se déshabiller à la fin du premier acte – alors qu'il est devenu habituel, voire traditionnel, pour l'ensemble des artistes de s'y dénuder entièrement.

Les femmes dans "Hair", 1968. Derrière : Suzannah Norstrand, Melba Moore, Marjorie LiPari, Lynn Kellogg, Emmeretta Marks. Milieu : Natalie Mosco, Lorrie Davis, Diane Keaton. Devant : Shelley Plimpton et Leata Galloway.
Photo promotionnelle de Diane Keaton, Barry McGuire et Steve Curry dans "Hair", 1968. New York Public Library, ©Kenn Duncan Photograph Archive, ca. 1960-1986

Diane Keaton est mentionnée, comme membre de la tribu, au générique de l'enregistrement original (Original Broadway Cast Recording) de Hair, notamment pour le numéro « Black Boys / White Boys » :

Saurez-vous dire si elle était présente sur ce plateau de télévision lors de la captation de « Let the Sunshine In » ?

Pleurée par Hollywood et le public, Diane Keaton restera présente au panthéon des artistes inoubliables : inclassable, elle a tant apporté au cinéma par sa créativité, son énergie, son espièglerie et son originalité – à l'image de son personnage dans Tout peut arriver (Something's Gotta Give), le film qu'elle disait préférer dans sa filmographie.

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