Art majeur

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Comédie-Française (Studio) – 99, rue de Rivoli, Galerie du Carrousel du Louvre, 75001 Paris.
Du 21 mars au 5 mai 2024.
Renseignements et réservations en cliquant ici.

Nou­veau spec­ta­cle musi­cal au Stu­dio-Théâtre : la chan­son y tient le rôle prin­ci­pal. Depuis plusieurs années, elle s’est juste­ment imposée à la Comédie-Française, qui aime explor­er le réper­toire musi­cal selon des voies dif­férentes. Guil­laume Bar­bot, qui offi­cie depuis près de quinze ans entre théâtre et musique, souhaite créer avec Art majeur « une vraie forme de théâtre con­cert » à la recherche de chan­sons qui auraient mod­i­fié le cours de notre exis­tence, et plus large­ment – idéale­ment même – changé le monde. Ce pas­sion­né d’histoires en tous gen­res, et surtout musi­cales, a passé com­mande à qua­tre plumes, roman­cières et romanciers, pour don­ner à chaque inter­prète un court réc­it autour d’une chan­son ayant déclenché une défla­gra­tion dans la vie d’un per­son­nage. Cette matière ancrée dans la fic­tion et la poésie réson­nera au sein de ce spec­ta­cle aux rythmes rock, sur des arrange­ments inédits, sous la direc­tion musi­cale de son com­plice de tou­jours Pierre-Marie Braye-Weppe. L’idée est bien enten­du de faire aus­si son­ner quelques-unes des mélodies qui habitent notre imag­i­naire col­lec­tif, de Bashung à Dalida.
Titres inédits, pop­u­laires ou oubliés, chan­sons secrètes ou rit­uelles, tubes de famille ou refrains sou­venirs : les artistes de la Troupe, aver­tis dans les domaines du chant et de la musique, nous plongeront dans ce que cet art a de majeur : « De la musique pen­dant une heure, un album de soix­ante min­utes, annonce Guil­laume Bar­bot, avec des pistes musi­cales, chan­tées, par­lées, et à chaque fois le swing des mots, des voix et des enregistrements. »

Notre avis : Nos comé­di­ens du Français peu­vent – et savent – tout faire, comme ils nous l’ont prou­vé par des spec­ta­cles passés tels que Mais quelle Comédie !, La Bal­lade de Sou­chon ou bien encore Les Serge (Gains­bourg point barre). Ils récidi­vent aujour­d’hui avec Art majeur.

L’ax­iome de départ posé par nos auteurs est sim­ple : com­ment une chan­son de var­iété est-elle capa­ble, pour soi et en soi, de représen­ter une révo­lu­tion intime, d’emporter le sou­venir d’un bas­cule­ment secret ? Ou au con­traire, com­ment une chan­son cap­tée au hasard du temps devient-elle l’air d’un soulève­ment social ? La réponse nous est apportée par cinq mag­né­tiques comé­di­ens-chanteurs et musi­ciens émérites.

©Vin­cent Pontet

Véronique Vel­la (socié­taire depuis 1989), à la gui­tare, s’é­tait déjà forte­ment impliquée dans des spec­ta­cles comme Cabaret éro­tique, Boris Vian, Léo Fer­ré ou Qua­tre femmes et un piano. Thier­ry Hancisse – doyen de la Troupe – nous avait livré entre autres un Cabaret Georges Brassens. Il se révèle comme un vir­tu­ose à la fois du piano, de l’ac­cordéon, de la basse et de la gui­tare. Nous retrou­vons égale­ment la jeune pen­sion­naire Léa Lopez au clavier et à la basse, ain­si que deux autres musi­ciens : Axel Auri­ant et Pierre-Marie Braye-Weppe, eux-mêmes experts éclec­tiques en divers­es dis­ci­plines instrumentales.

Art majeur est défi­ni par le met­teur en scène Guil­laume Bar­bot comme la réal­i­sa­tion d’un spec­ta­cle album, véri­ta­ble théâtre-con­cert où la chan­son tient le rôle prin­ci­pal. Ces chan­sons, qui nous appar­ti­en­nent égale­ment et qui tra­versent nos vies, con­stituent le cen­tre de cet Art majeur (et non mineur, comme voulait le cat­a­loguer Gains­bourg au cours d’un échange houleux avec Guy Béart).

© Vin­cent Pontet

La scène – telle une vague de bois – fait office de stu­dio d’en­reg­istrement, à l’in­térieur duquel nos pro­tag­o­nistes vien­dront nous con­ter leurs sou­venirs (vécus ou imag­inés ?) emplis d’émotion, ponc­tués de ces fameuses chan­sons gravées à jamais dans leurs cœurs. Cette tra­ver­sée musi­cale s’avère riche : de Brel à Bar­bara en pas­sant par Bowie, Bashung, Higelin, Piaf, Télé­phone, Bio­lay et bien d’autres encore, nous plon­geons avec eux au rythme du rock ou de douces mélodies. La ten­dresse est de toute façon tou­jours omniprésente. La réus­site se révèle totale : ils ont su, une fois encore, nous sur­pren­dre et nous charmer par leur aisance à jon­gler avec les exigeantes dis­ci­plines qui con­stituent le spec­ta­cle vivant.

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