Résumé : En 1942, entre le cabaret de la Rose noire à Paris et la gare de Saint Dizier, six personnages que rien ne destinait à se rencontrer se retrouvent mêlés au sabotage d’un train allemand.
Lucile, jeune secrétaire au Banhof, Etienne, fils mal aimé et provocateur, Nini, chanteuse de Cabaret, Fanfan, garagiste pétainiste, Gilbert, cheminot communiste, Rupert officier allemand et Norah agent gaulliste, vont se croiser, s’aimer, se déchirer, se trahir pendant que Gaby le facteur fait voyager des saucissons dans des étuis à violon.
Certains mourront, d’autres en sortiront grandis.
L’époque est sombre, les héros pas forcément ceux que l’on croit.
Une auteure française et un compositeur anglais ont eu envie de conjuguer leurs univers artistiques pour nous raconter l’histoire de ces personnages ordinaires embarqués dans une histoire qui les dépasse. Le style singulier, à la fois intimiste et épique, se dégage de cette œuvre où les mots laissent la place à la musique quand ils ne suffisent plus à traduire les émotions contradictoires vécues dans cette période bouleversante de notre histoire.
Notre avis : Après diverses lectures au cours de ces dernières années, c’est à Avignon, dans une petite salle du Nouveau Ring, que nous découvrons (enfin) la première version scénique de ce musical.
Julien Mior & Cloé Horry
La distribution, impressionnante, regroupe des artistes habitués des scènes musicales parisiennes comme Marie Oppert (Les Parapluies de Cherbourg, The Sound of Music), Arnaud Denissel (Ivo Livi), Sophie Delmas (Mamma Mia !, Le Magicien d’Oz), Edouard Thiébaut (La Poupée Sanglante, Hairspray) ou encore Julien Mior (La Petite Fille aux allumettes, La Belle et la Bête). C’est sur une scène sombre, au décor minimaliste mais astucieux, que s’ouvre l’histoire. Seuls quelques projecteurs animent le récit, et on découvre un à un les personnages, aux horizons et aux préoccupations variés, parfois opposés. Très vite, les destins s’entrecroisent et on plonge dans l’atmosphère lugubre et cloisonnée de la France de 1942, et celle de la résistance où tout peut basculer d’un moment à l’autre.
Accompagnés d’un seul piano, les personnages se rencontrent, luttent, se questionnent, s’aiment, sur les rythmes de chansons souvent émouvantes et parfois légères, à l’image d’un numéro hilarant où la chanteuse de cabaret, Nini, (Sophie Delmas) se retrouve accompagnée des comédiens masculins grimés en danseuses. Les influences anglo-saxonnes du compositeur Nicholas Skilbeck, directeur musical de nombreuses comédies musicales à Londres, se ressentent et donnent un résultat d’exception. Les comédiens excellent et créent un ensemble de personnages très humains, imparfaits et imprévisibles, auquel on se lie aisément. A travers ce récit éreintant mais plein d’espoir, le musical émeut par sa brutale simplicité et on ne peut qu’en ressortir secoué.