Barbara, Romanelli, deux destins pour un seul amour: la musique.
À travers les chansons inoubliables de celle qui se racontait en musique, Roland nous livre pudiquement – mais non sans humour – quelques anecdotes de leur vie artistique commune (il l’accompagnera pendant une vingtaine d’années). On rit autant que l’on pleure, car la Dame Brune de « Nantes » ou « Dis quand reviendras-tu ? » avait aussi un côté fripon et un sens de la dérision insoupçonnés, que Romanelli et sa complice Rebecca Mai nous évoquent sur scène avec délice à travers une vingtaine de chansons…
En 1986, lors des enregistrements de Lily passion avec Gérard Depardieu, je quittais Barbara, définitivement, pour un mot de trop, une bêtise… Je ne l’ai jamais revue. Pourtant, c’est elle qui m’a appris la vie, la musique, l’amour, tout au long de vingt années d’une complicité qui dépassait largement le domaine du travail et de la musique. Au fond de moi je sais que cet incident fut le prétexte qu’elle choisit pour nous éloigner l’un de l’autre, car elle me disait souvent, comme dans la chanson « À mourir pour mourir », qu’elle ne voulait pas que je la vois « fanée sous sa dentelle », moi qui à 20 ans, l’avais connue dans l’éclat de sa gloire naissante. Ainsi je garde d’elle le souvenir intact d’un être exceptionnel. Ce spectacle, je le lui dois, il reflète ce que nous avons vécu, les tournées, nos fous rires, nos disputes, … et puis,
son côté exclusif et son professionnalisme exacerbé qui faisait dire d’elle qu’elle avait « mauvais caractère ». Il est aussi ma plus belle récompense. Je le vis avec sincérité, amour et respect, avec la partenaire que j’ai longtemps cherchée, Rébecca Mai, à la grâce féline de danseuse et au caractère bien trempé, auprès de qui j’ai souvent la sensation troublante de revivre un peu de cette complicité artistique et amoureuse. Mon fidèle ami Jacques Rouveyrollis, le magicien des lumières qui éclaira Barbara à Pantin et pendant toute sa
carrière, s’est joint à nous pour lui rendre hommage. Le diabolique Marc Chanterau qui accompagna sur scène La Dame Brune aux percussions, lui fait également un clin d’œil…
Ainsi quelques-uns de « Ses hommes », comme elle se plaisait à nous appeler, se réunissent une nouvelle fois pour elle. Comme elle nous le disait en chanson*: « Continuez le regard fier, je serai là comme hier,vous devant et moi derrière. » (* « Mes hommes ».)
Roland Romanelli
Notre avis : Alors que le 25e anniversaire de la disparition de la Longue Dame brune arrive à grands pas (le 24 novembre), reprise de ce spectacle fait de confidences de Roland Romanelli qui revisite et réarrange une vingtaine de chansons. Voici ce qu’écrivait Virginie Pivard à l’occasion de la création de ce spectacle, en 2009 :
« Bien plus qu’un spectacle rendant hommage à Barbara, à son talent et à sa personnalité hors du commun, Barbara 20 ans d’amour est un moment de partage et d’intimité unique.
Roland Romanelli, compositeur ayant vécu et travaillé avec l’artiste-interprète, nous dévoile avec sensibilité et humour, quelques moments de vie et de création.
Au fil d’un dialogue singulier et intimiste et rythmé par les textes de Barbara, le spectacle nous plonge dans l’univers de Barbara, mêlé de gravité et d’autodérision. Entre les anecdotes piquantes et les secrets de l’écriture de certains textes et musiques, Roland Romanelli nous rend complice de ces années privilégiées.
Ponctué de quelques séquences d’interviews enregistrées où l’artiste — s’invitant sur scène — nous livre ses manières de voir la vie, le monde ou les supermarchés, Barbara 20 ans d’amour est un moment d’exception rare, maîtrisé qui ne tombe jamais dans le pathos.
Mené par deux protagonistes impeccables, le spectacle parvient à nous faire croire — rêver — que Barbara, depuis l’au-delà, observe la scène, avec ironie et tendresse. Parfaitement millimétrée et soignée, la mise en scène est enrichie d’une scénographie lumière sensible et juste. L’ensemble nous fait voyager dans une histoire qu’on aurait aimé vivre et partager avec la Grande Dame en noir, complexe et drôle et profondément humaine. Seul bémol : ce spectacle est un tel délice qu’il en est beaucoup trop court. »
Virginie Pivard