Black Legends, le musical

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Théâtre Bobino – 20, rue de la Gaîté, 75014 Paris.
Du 29 septembre 2022 au 8 janvier26 mars 2023 : du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 17h, du mardi au dimanche pendant les vacances scolaires.
Renseignements et réservations sur le site de Bobino.

Envie d’évasion ? Besoin de vous recon­necter à la vie en musique ? Black Leg­ends vous offre un shoot sal­va­teur de bonnes vibra­tions soul, gospel, Motown, dis­co, funk, hip-hop et R&B…

Sur scène, les artistes retra­cent un siè­cle de musique afro-améri­caine à tra­vers 37 tableaux mythiques qui réson­nent avec l’histoire. De Cab Cal­loway à Bey­once, en pas­sant par Ray Charles, Otis Red­ding, Tina Turn­er, Aretha Franklin et Whit­ney Hous­ton. Les tableaux s’enchaînent à un rythme fou, dans un tour­bil­lon de 200 cos­tumes. Les six musi­ciens sont en transe, les qua­torze chanteurs dansent de toute leur âme… Et le pub­lic est pos­sédé par le groove. Parce que c’est ça, l’âge d’or de la soul music. Du con­cen­tré d’énergie !

Black Leg­ends est le plus bel hom­mage à la musique afro-améri­caine, un hymne à l’amour et à la dif­férence. Prenez votre bil­let pour le Soul Train live…

Notre avis : Quel est donc le pro­pos de ce spec­ta­cle ? S’agit-il de retrac­er l’évolution de la con­di­tion des Noirs aux États-Unis d’Amérique ou bien l’évolution de la musique ou peut-être l’évolution des musi­ciens ? Chaque chan­son, intro­duite par une petite scène pous­sive d’une banal­ité décon­cer­tante, sem­ble indi­quer au spec­ta­teur s’il doit porter son atten­tion sur le sens du texte (chan­té en anglais… ce qui est loin d’être acces­si­ble à tous) ou bien sur l’interprète orig­i­nal (qui a mar­qué de son charisme l’histoire de la musique) sans plus d’indication biographique que son nom, ou tout sim­ple­ment sur la chan­son (archicon­nue, ayant atteint le som­met des hit-parades) sans vrai­ment la con­tex­tu­alis­er. Il sem­blerait qu’à trop vouloir abor­der de sujets, le spec­ta­cle finisse par ne plus rien racon­ter du tout.

On assiste donc à une com­pi­la­tion de tubes, plutôt agréable, dans une suite chronologique allant des années 1920 jusqu’aux années 2010, sans com­pren­dre le fil nar­ratif qui relie les tableaux les uns aux autres – com­pi­la­tion au demeu­rant très bien inter­prétée, dans un décor élé­gant, avec un for­mi­da­ble orchestre sur scène, ce qui est très appréciable.

Le plaisir serait con­sid­érable s’il n’était pas gâché par un pub­lic en délire qui s’extasie à chaque fois qu’un chanteur tient une note plus de huit sec­on­des (et ça arrive sou­vent !), se lève en cri­ant au mir­a­cle dès que ça dépasse un la aigu à 110 déci­bels et applau­dit à tout rompre dans les tran­si­tions quand un pon­cif est débité avec force et lamen­ta­tion. Il sem­blerait que seule la per­for­mance compte. On n’entend plus rien parce que ça hurle en per­ma­nence, on ne voit plus rien car la moitié de la salle est debout une chan­son sur deux… C’est assez fati­gant sur la durée !

C’est d’autant plus dom­mage que les artistes sur scène don­nent tout ce qu’ils ont. Et, si on fait abstrac­tion des petites scènes par­lées, ils assurent un tour de chant de qual­ité, avec des choré­gra­phies réglées au cordeau et des ensem­bles par­ti­c­ulière­ment réussis.

On assiste même à quelques moments de grâce, qui déga­gent une forte émo­tion en alliant le sens du texte et la forme artis­tique. On retien­dra surtout « Free » de Ste­vie Won­der qui réu­nit toute la troupe sur scène et la pre­mière par­tie de « No More dra­ma » de Mary J. Blidge, sur laque­lle deux danseurs exé­cu­tent une choré­gra­phie par­ti­c­ulière­ment forte et trou­blante sur les vio­lences con­ju­gales. Ce mag­nifique duo est hélas gâché à sa moitié par une inter­pré­ta­tion au pre­mier degré, plain­tive et lar­moy­ante, dans laque­lle on ne voit plus deux danseurs trans­met­tant un mes­sage mais deux comé­di­ens cher­chant à mon­tr­er sur scène com­bi­en ils sont capa­bles de bien jouer la souf­france ! C’est lourd et le mes­sage est vite oublié.

Con­cert ? Comédie musi­cale ? Spec­ta­cle mil­i­tant ? Hom­mage ? Black Leg­ends est un spec­ta­cle inclass­able, mais hélas, pas for­cé­ment dans le bon sens du terme…

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