Notre avis : L’ECM (École de la comédie musicale) nous propose, comme chaque fin d’année, son spectacle de sortie des élèves de troisième année. Le titre retenu par le metteur en scène Ned Grujic est un chef-d’œuvre signé Rodgers et Hammerstein : Carousel, créé à Broadway en 1945. Tiré d’une pièce de théâtre du dramaturge hongrois Ferenc Molnar Liliom, ce musical, ici librement adapté en français, permet aux quarante-sept jeunes comédiens-chanteurs-danseurs de montrer le résultat de leur travail. Deux distributions nous sont proposées ; nous avons pour notre part assisté à la première du 23 juin.
Nous sommes au cœur d’une fête foraine où notre héroïne Julie aura la malchance de tomber amoureuse d’un mauvais garçon nommé Billy, employé du manège tenu par Mrs Mullin, elle-même éprise de son employé. L’œuvre se révèle fort bien construite et offre aux personnages secondaires des emplois mettant en valeur leurs talents de chanteurs, danseurs et comédiens : Carrie, l’amie de Julie ; Nettie l’amuseuse de service ; Mrs Mullin ; Louise, la fille de Julie… Les rôles masculins ne sont pas en reste : Enoch Snow, autre amuseur, fait front aux bad boys que sont Billy et son mauvais ange Jigger.
Nous saluons le travail de ces jeunes solistes qui tiennent des rôles écrasants autant en chant qu’en texte parlé : Léonie Garcia (Julie), Margaux Hild (Carrie), Léa Ruiz (Nettie), Noemi Gobbi (Mrs Mullin), Pauline Tonnot (Louise et le Gardien des étoiles), Vianney Fayard (Billy), Tobias Klinger (Jigger), Ruben Norguet (Snow).
De même le travail vocal des ensembles est irréprochable, avec Véronique Fruchart aux commandes, ainsi que les deux ballets : « Joli mois de mai » et « Louise » chorégraphiés par Amélie Foubert et Elodie Hec pour le premier, et Flore Fruchart, Linda Faoro et Vivien Visentin pour le second, réglés comme il se doit au cordeau. Pour sa part, Laure Balon s’est chargée de chorégraphier deux autres moments forts tout aussi réussis : « Toute cette belle fête » et « Les sculpteurs sculptent des pierres ».
Le spectacle enchaîne les numéros à une allure vertigineuse durant presque trois heures dans un tourbillon de couleurs et de lumières. Comme disent avec humour les anglo-saxons : it’s a tour de force ! Cette belle histoire forte et poignante sur le choix de la rédemption et du libre-arbitre nous invite de surcroît à réfléchir… Pari réussi pour l’ECM qui, une fois de plus, fait mouche dans un choix d’ouvrages qui savent si bien illustrer les disciplines indispensables à la comédie musicale que sont le chant, la danse et la comédie.