Mothers — A Song for Wartime

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Théâtre du Rond-Point – 2 bis, av. Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris.
Du mardi 15 au samedi 19 octobre 2024.
TNP – 8, place Lazare-Goujon, 69100 Villeurbanne.
Du jeudi 24 au vendredi 25 octobre 2024.

Un chœur de vingt et une femmes s’avance sur le plateau nu. Par­mi elles, des femmes ukraini­ennes en exil, des femmes biéloruss­es qui ont fui les per­sé­cu­tions du régime d’Alexandre Loukachenko et des femmes polon­ais­es qui les ont accueil­lies à Varso­vie. Elles sont âgées de huit à soix­ante-dix ans. Ensem­ble, elles chantent et mur­murent un plaidoy­er con­tre la guerre com­posé de poèmes ukrainiens, de comptines, de berceuses, mais égale­ment de témoignages actuels, de déc­la­ra­tions poli­tiques et de ques­tion­nements adressés à l’Europe.

Notre avis (au TNP) : Après des pas­sages remar­qués au Fes­ti­val d’Av­i­gnon et au Théâtre du Rond-Point, Moth­ers A Song for Wartime achève son par­cours en France au TNP de Villeur­banne dans le cadre du Fes­ti­val inter­na­tion­al de théâtre Con­tre-Sens. L’artiste polon­aise Mar­ta Gór­nic­ka a réu­ni une ving­taine de femmes ukraini­ennes, biéloruss­es et polon­ais­es autour d’un plaidoy­er vibrant con­tre la guerre.

Ces femmes s’ex­pri­ment prin­ci­pale­ment sous la forme du chœur antique, prin­ci­pale­ment en chan­sons. De nom­breux témoignages sont égale­ment retran­scrits. Le dépouille­ment de la scène – un plateau nu – et la sincérité des inter­prètes non pro­fes­sion­nelles sont au ser­vice de textes qui ques­tion­nent, bous­cu­lent et per­cu­tent le spec­ta­teur. Quel rôle devons nous tenir, indi­vidu­elle­ment et col­lec­tive­ment face à la guerre sur notre con­ti­nent ? Que faire face à des vérités que l’on préfér­erait peut-être ne pas voir ou entendre ?

Les per­son­nages se trou­vent eux-mêmes dans un rap­port ambigu à l’Eu­rope, oscil­lant entre amour sincère, sen­ti­ment de trahi­son et amer­tume. Ces femmes sont sou­vent tirail­lées par le fait de devoir assur­er leur sécu­rité en lais­sant leurs proches dans leur pays. Face à des guer­res lancées et menées par les hommes, les femmes ne sont certes pas sur le front. Elles ne sont toute­fois pas préservées, étant les cibles des exac­tions les plus lâch­es et les plus sor­dides. Les trau­ma­tismes sont bel et bien présents, pour les vic­times comme pour les témoins.

Et pour­tant, ces femmes belles et fortes sont bel et bien debout. La mise en espace et la mise en mou­ve­ment des inter­prètes accentuent l’idée que ces femmes ne veu­lent plus sim­ple­ment subir les événe­ments. Il n’est qu’à voir un tableau démon­trant une forme de haka qui n’a rien de fébrile ! Mal­gré la dureté du pro­pos, l’e­spoir demeure présent. Le pub­lic qui n’o­sait applaudir entre les scènes explose à la fin du spec­ta­cle, réser­vant d’interminables min­utes d’ap­plaud­isse­ments à la troupe. Hom­mage mérité.

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