Les québécois du cirque Eloize posent leurs valises dans ce nouveau lieu dédié aux diverses formes du théâtre : l’art 13ème. Plongé dans un univers urbain, un peu comme dans ID (voir la critique), les concepteurs du show se concentrent sur un univers oppressant : celui d’un bureau gris, avec des personnages gris, dans un décor gris orné de rouages plus ou moins menaçants. L’employé, chargé de tamponner d’innombrables feuillets, finit par s’évader mentalement de sa condition, ce qui donnera lieu à divers numéros qui convoquent mât chinois, jonglage, roue Cyr, bref tout l’arsenal devenu désormais traditionnel avec en prime des chorégraphies toniques. L’entrée dans ce monde onirique est fait très simplement et c’est joli : il s’agit juste d’une ombre projetée par la lampe de bureau qui dessine, sur le fond de la scène, les contours d’une ville. Viennent alors s’immiscer les images vidéo.
Si la ville usine apparait, concrètement, par le biais de projections soignées, le béton et les rouages oppressants pouvant laisser place à un rideau de théâtre ou permettre de s’élever dans les airs, il manque peut-être un liant narratif pour que la sauce prenne totalement. Les dix acrobates et artistes sur scène possèdent chacun une présence étonnante, en jouer aurait été malin. La narration se trouve circonscrite au seul employé et c’est un peu dommage (d’autant que son numéro, avec un vêtement féminin installé sur une tringle, traîne en longueur). Mais ne boudons pas le plaisir simple et direct qu’offrent systématiquement ces circassiennes et circassiens de grand talent, capables de procurer des émotions fortes même aux plus endurcis.
En tout cas c’est une bonne nouvelle que Juste pour rire (à qui appartient cette nouvelle salle de spectacle) se soit associé avec le cirque Eloize : c’est le gage de voir de futures productions à Paris de ce cirque ambitieux et moderne.
Pour en savoir plus, consultez le site du 13eme art.