Dan Burton, quel est votre sentiment en retrouvant Paris pour jouer Singin’ In The Rain ?
C’est absolument génial. Je me suis tellement amusé les deux premières fois. Avoir l’opportunité de le jouer aujourd’hui dans un lieu aussi grandiose que le Grand Palais, c’est unique et ça va être spectaculaire.
Comment avez-vous été approché pour le rôle de Don Lockwood au départ ?
J’avais déjà travaillé plusieurs fois dans le West End avec Stephen Mear, le chorégraphe. Quand Stephen et Robert Carsen, le metteur en scène, ont commencé à réfléchir à la distribution de Singin’ In The Rain, ils m’ont rencontré et ils ont pensé que je correspondais au rôle. A partir de là, ils ont commencé à auditionner les autres membres de la troupe et les choses se sont mises en place ainsi. C’est vraiment un processus collaboratif, un travail d’équipe, et ce que je fais ne marcherait pas sans le travail des autres, des costumes aux membres de l’ensemble. Tout le monde joue un rôle essentiel pour que ce spectacle fonctionne.
Comment aborde-t-on un rôle aussi mythique que celui-ci ?
Tout le monde se souvient de la première fois où il a vu le film Chantons sous la pluie. Gene Kelly a immortalisé ce rôle et les gens viennent avec une certaine attente par rapport à ça. Ma vision des choses, c’est qu’on se doit de rendre hommage à cette idole légendaire qu’est Gene. Mais j’ai aussi ma propre interprétation et même si je joue le rôle qu’il a rendu célèbre, je joue Don Lockwood et non pas Gene Kelly. Néanmoins, je lui rendrai toujours hommage car son art est sophistiqué et magnifique. Quand il a tourné la séquence sous la pluie, il avait une pneumonie, de la fièvre et pourtant, c’est un des moments les plus jouissifs de l’histoire du cinéma.
Au cinéma, on coupe et on tourne une autre séquence le jour suivant. Sur scène, on n’a droit qu’à une prise et on joue l’histoire de bout en bout. Il faut jouer, danser, chanter en même temps. C’est comme être sur un tapis de course, quand ça commence, il faut y aller… et aller jusqu’au bout. J’aime le challenge de ce rôle.
Pour cette nouvelle série, pensez-vous y apporter quelque chose de nouveau afin de conserver une certaine fraîcheur dans l’interprétation ?
Nous avons une nouvelle Kathy Selden. Clare Halse, la précédente, était absolument fantastique. Monique Young, étant une autre comédienne, apporte d’autres qualités. Du coup, notre dynamique sera différente. C’est important de trouver des moyens de garder une fraîcheur dans notre interprétation. C’est dur quand on joue un spectacle sept fois par semaine mais je ferai de mon mieux. Ce sera différent aussi au niveau du public. Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai observé les réactions du public du Châtelet au moment où la pluie tombe sur scène. Ce sera intéressant de voir leurs réactions dans un lieu tel que le Grand Palais.
Comment êtes-vous venu au théâtre musical ?
Mon père était déjà dans le milieu. Il était metteur en scène et plus jeune, il était comédien. Il jouait un des ramoneurs dans le film Mary Poppins, il a joué dans My Fair Lady, il a même travaillé avec Gene Kelly. J’ai donc grandi avec toutes ces histoires mais je me suis mis à la danse assez tard. Je ne savais pas vraiment quoi faire et ce n’est que vers quatorze, quinze ans que j’ai commencé la danse et le chant. J’ai auditionné pour une école de comédie musicale à Londres et après mes études, tout s’est enchaîné sans jamais s’arrêter. J’ai eu la chance de jouer Frankie Valli dans Jersey Boys, un rôle qui ne nécessite pas de danser contrairement à Don Lockwood pour lequel il faut exceller en chant, danse et comédie, ou encore Riff et Bernardo dans West Side Story. J’ai travaillé dur, j’ai aussi eu de la chance d’être au bon endroit au bon moment, et j’apprécie la diversité des rôles que j’ai pu jouer. Il faut rester humble, apprécier les opportunités et proscrire les comportements de diva qui n’ont aucune raison d’être.
Votre père vous a vu dans Singin’ ?
Oui, c’est quelqu’un d’assez austère et là, il a pleuré. J’avais déjà joué dans d’autres productions de Singin’ par le passé, mais là, le cadre du Théâtre du Châtelet rendait l’expérience unique. Je n’oublierai jamais sa réaction. Et là, il a pris ses places pour le Grand Palais. J’ai hâte !
Singin’ In The Rain au Grand Palais du 28 novembre 2017 au 11 janvier 2018.
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