Résumé: Eux, ici, maintenant. Dans un centre, des ados. Le quotidien de Nathaëlle : entourer, protéger, comprendre ces jeunes comme elle peut, avec ses armes, sa bienveillance. Il y a des règles à respecter, un devoir de regard les uns envers les autres. Apprivoiser ce mal qui ronge et laisser la bête tapie dans son ombre. Vivre toujours plus fort et rire jusqu’à s’en briser la voix. Ensemble, dans cet endroit.
Ils apprendront à évoluer ensemble. Panseront-ils leurs blessures sous l’œil de celle qui a besoin de croire en eux ? Car, en vérité, on a tous nos bagages, et, si, finalement, croire en eux l’aidait à croire en elle ?
Notre avis : Dès son arrivée, le spectateur incarnera son rôle, les comédiens sont déjà en jeu, il sera spectateur de ce qui se déroulera sous ses yeux. Il aura face à lui sept adolescents qui tentent de vivre leur vie, sur le fil, entre l’innocence de leur âge et la noirceur des démons qui les habitent. Il sera pris à partie dans le déroulement des événements et satisfera une certaine curiosité intrusive à suivre l’évolution de ces jeunes dans ce centre. Parce que toute la question est là : comment reprendre une vie normale et devenir adulte quand un traumatisme vous bouscule si jeune ? Alors il ne reste au public qu’à écouter et à plonger dans cette atmosphère.
Tout en simplicité sur scène : un canapé, quelques coussins et une table forment leur environnement, leur foyer, un espace d’échange et de partage. Leurs histoires, nous ne les connaissons pas encore mais les apprendrons au fil du temps ; à mesure qu’ils se heurteront aux difficultés de leur quotidien, nous nous attacherons à eux. À leurs côtés, leur éducatrice incarne le lien entre le public et ces sept personnages, mais aussi le lien entre eux, pour les sensibiliser. Quand un geste insouciant de l’un peut déclencher chez l’autre une réaction de crise incontrôlée, elle saura les calmer, les rassurer, leur apporter un soutien et leur prouver qu’ils ne sont pas seuls.
Au plan technique, on pourrait s’attendre à un peu moins de noirs, car ils saccadent la narration par moments : cela pourrait fluidifier la lecture, et le mélange des arts gagnerait à être encore plus fort et plus marqué, pour aller plus loin. Mais le propos est là, la qualité du travail et l’équilibre des acteurs dans leurs personnages aussi ; tout ça est finement écrit et proposé.
C’est un spectacle intense qui dévoile une face que l’on ne connaît pas forcément de « l’après-blessure » et l’effort de reconstruction que cela implique, notamment chez les jeunes. Il s’agit d’un sujet important dont on parle peu et qu’on trouve plus souvent à l’écran qu’au théâtre, mais qui se prête pourtant très bien à la scène. Comment instaurer une relation de confiance quand on souffre de kleptomanie ? Comment tomber amoureux après avoir subi un abandon ? L’expérience humaine offerte au spectateur est riche et captivante ; à lui d’en recevoir le message et d’écouter aussi leur silence.