Un grand classique de Broadway pour la première fois à Paris : un univers coloré et joyeux qui met en scène le monde des affaires.
L’action se situe dans l’Amérique des années 50 et met en scène Pierrepont Finch, un jeune laveur de carreaux qui tente de s’immiscer dans le monde de l’entreprise en suivant les préceptes d’un livre appelé Comment réussir dans les affaires sans vraiment essayer. Son art de l’esbroufe et ses talents d’improvisation vont lui ouvrir les portes de la World Wide Wicket Company, une entreprise où se côtoient employés dévoués, hommes d’affaires arrivistes et secrétaires désespérées.
Notre avis : Se frotter à une œuvre méconnue et assez imposante est un défi complexe. La troupe de 27 Saville, qui a déjà présenté voilà quelques semaines The Wild Party, aime les paris de taille et se donne les moyens de les relever. En effet cette proposition, faite avec peu de moyens mais avec une énergie et une envie délicieuses, convainc.
Tout comme pour la mise en scène précédente, les dialogues sont en français et les chansons en anglais. Mais des surtitres viennent aider les non-anglophones, ce qui est une bonne idée. Si tout n’est pas parfait dans cette production, nous ne chipoterons pas et mettrons l’accent sur ce dynamisme et cette envie d’être sur scène pour défendre une comédie musicale au thème quasiment d’actualité. Il y est question en effet d’un Rastignac bien décidé à gravir tous les échelons du pouvoir (dans une compagnie, diriger le pays ce sera sans doute pour plus tard !) et le tout grâce à un livre, sorte de grimoire dont les consignes, appliquées à la lettre, permettront au jeune Finch, ancien laveur de carreau, de diriger en quelques mois la société qui l’employa comme grouillot. Un monde d’hommes d’affaires côtoie celui des secrétaires, les électrons libres apparaissant comme autant de grains de sable dans un rouage qui se veut bien huilé. L’humour est constant, la dénonciation de l’ambition dévorante fine. L’histoire d’amour n’est pas oubliée, bien entendu, mais elle se révèle cocasse et complexe à souhait. Pamphlet sur l’arrivisme et ses conséquences, la comédie musicale est donc servie par une troupe pleine d’allant, accompagnée de cinq musiciens. Pour faire bouger les comédiens-chanteurs, des chorégraphies respectant l’état d’esprit des spectacles des années 50 électrisent l’espace. Toute la troupe a bien assimilé les exigences du genre et lui rend hommage avec une belle sincérité. Certains tableaux d’ensemble ne manquent pas de panache.
Autant dire que cette troupe fournit le fruit d’un réel travail, un bel investissement personnel et collectif, que nous ne pouvons que soutenir.