Mise en scène & livret : Christophe Barratier.
Musique : Pascal Obispo.
Avec : Mike Massi, Anne Sila, Clément Verzi, Grégory Deck, Crys Nammour, Olivier Balckstone & Solal.
Parmi les destins qui ont bouleversé l’humanité, il est un homme dont les paroles et les actes ne cessent de résonner. Cette fresque musicale, retrace les dernières années de jésus durant lesquelles l’histoire et l’éternité se sont rencontrées. Marchez sur les pas de jésus, des rives du Jourdain au désert de Judée, du temple de Jérusalem au mont des oliviers.
Notre avis:
Il y avait eu Zeffirelli, Mel Gibson, Robert Hossein et bien sûr Andrew Lloyd Webber… il y aurait pu y avoir le duo Obispo-Barratier dans la liste des auteurs-metteurs en scène dont le Jésus a marqué les esprits. Patatras, ce ne sera sûrement pas le cas. A l’affiche du Palais des Sports depuis le 17 octobre 2017, ce qui est présenté comme une « fresque musicale » est –osons le jeu de mots–, un véritable chemin de croix. On se croirait même revenu vingt ans en arrière, au beau milieu d’un énième show franco-français des années 2000, sans souffle, sans saveur et sans émotion. Comment les équipes créatives –qui tenaient en leurs mains, l’une des plus extraordinaires histoires qui soit– ont-elles pu à ce point en faire un spectacle si fade et aseptisé. Car cette « fresque » n’est qu’une interminable succession de scènes plates, de chansons de variétés désuètes et de tableaux dont on cherche en vain l’ampleur. Du baptême de Jésus, à son dernier repas, en passant par son entrée dans Jérusalem, l’œil s’ennuie et l’oreille s’amuse des rimes « Et puis ton Dieu, Caïphe, Moi je le trouve bien chétif, Et tellement peu compétitif! ». N’est vraiment pas évangéliste qui veut. Quant aux musiques, Pascal Obispo, décidément monothématique (Adam et Eve, les Dix Commandements et maintenant Jésus) signe des chansons sans surprise où le meilleur côtoie hélas le pire.
Christophe Barratier, à qui l’on doit les images sublimes des clips du spectacle, est à l’évidence plus doué derrière la caméra : les enchainements trainent en longueur, les noirs et baissers de rideau se comptent en nombre, les saynètes se multiplient ; quant aux décors, ils confinent au strict minimum : de simples hauts- murs, parfois une table, ou une barque figée au sol. Léger. Pour le reste, rien que du déjà-vu. Aucune créativité, aucune audace, aucun relief. Les épisodes de la vie du Christ s’enchainent, ponctués de titres que l’on oublie aussitôt, une demi-douzaine de danseuses meublent inutilement les solos, et les disciples sortent du public, exactement comme Robert Hossein l’avait déjà fait précisément dans la même salle, il y a près de… 36 ans!
Si Gregory Deck (Salut les Copains, Dracula…) est à l’aise et sort du lot, Jésus (Mike Massy, vedette au Liban), malgré un visage expressif et un talent vocal indiscutable, semble totalement perdu sur la vaste scène du Palais des Sports. Et c’est bien dommage. Sans conviction, il tente vaguement d’exister. Mais l’on y croit guère. Il faut dire qu’Anne Sila lui vole clairement la vedette. En Vierge Marie, elle offre les rares instants de beauté de la soirée, par sa voix et son jeu simple mais profond. Son dernier solo, « l’adieu », est magnifique, offrant les frissons que l’on n’attendait plus, et faisant surtout oublier la scène précédente : un Jésus au visage ensanglanté, portant sa croix sur l’épaule et remontant l’allée des spectateurs, entouré de dizaines de smartphones qui flashent et filment. Improbable, de mauvais goût, et clairement gênant. C’est heureusement la fin du show. Jésus est ressuscité, l’occasion de tous chanter, taper dans les mains et de reprendre en chœur, avec le public, ce qui se veut le tube (marketé) du spectacle « La bonne nouvelle »…
Là où leurs prédécesseurs avaient osé, Obispo et Barratier n’offrent finalement qu’un spectacle de plus, déjà ringard, sans recherche musicale ni effort scénique, dont ne se dégage jamais la moindre émotion. Sans cœur, sans âme. Pour un Jésus, c’est un comble.