Les comédies musicales sont-elles en danger ?

0
1250

Mau­vais hiv­er pour les artistes. A l’initiative du gou­verne­ment d’Edouard Philippe, les députés ont exclu jeu­di 15 novem­bre dernier les comédies musi­cales (et les spec­ta­cles d’humour) du champ d’application du crédit d’impôt en faveur du spec­ta­cle vivant. Une déci­sion sur­prenante, qui pour­rait men­ac­er l’avenir du spec­ta­cle musi­cal en France.

Lancé en 2016, « le crédit d’im­pôt pour le spec­ta­cle vivant musi­cal ou de var­iétés » a en effet pour but de faciliter les investisse­ments des pro­duc­teurs en faveur des artistes en développe­ment : con­crète­ment, il per­met notam­ment de déduire 15% des dépens­es éli­gi­bles du mon­tant brut de l’im­pôt sur les sociétés. Ce règle­ment a fait ses preuves et large­ment. En 2017, ce sont ain­si 875 pro­jets qui ont été con­cernés sur l’ensemble du ter­ri­toire français, ce qui représente plus de 14.700 représen­ta­tions. Un grand nom­bre de créa­tions ont ain­si pu voir le jour, mais pas seule­ment : sans ce dis­posi­tif, 153 spec­ta­cles n’auraient pas eu lieu, soit presque 2 400 dates.

Avec un crédit d’im­pôt désor­mais « réservé aux spec­ta­cles musi­caux à l’ex­clu­sion des spec­ta­cles de var­iété, tels les spec­ta­cles d’humour ou les comédies musi­cales », autant dire que pro­duc­teurs et artistes cri­ent à l’asphyxie. Depuis deux ans, cette aide a essen­tielle­ment béné­fi­cié à des pro­jets artis­tiques pro­duits par des Très Petites Entre­pris­es ou des PME (86 % des béné­fi­ci­aires réalisent moins de 5 mil­lions d’euros de chiffre d’affaires). Et le plus sou­vent en région, con­tribuant ain­si à la dynamique sociale et cul­turelle des ter­ri­toires en France. Au-delà de tous les spec­ta­cles parisiens, dont Regard en Coulisse se fait l’écho quo­ti­di­en­nement, com­bi­en de créa­tions et de représen­ta­tions partout en France, dans les petites com­munes ou les villes moyennes ?

« Quel sig­nal le gou­verne­ment pense-t-il envoy­er aux entre­pre­neurs de spec­ta­cles qui font vivre des cen­taines de mil­liers d’emplois à tra­vers les ter­ri­toires ? » s’alarme Mali­ka Séguineau, direc­trice générale du syn­di­cat des pro­duc­teurs, le Prodiss, « le gou­verne­ment a imposé une révi­sion au détri­ment du seul spec­ta­cle vivant ». Ce, alors que les con­certs, les émis­sions de téléréal­ité ne sont pas touchés par cette nou­velle mesure. Selon le syn­di­cat, l’impact béné­fique de cet amende­ment ne sera que mineur pour le bud­get de l’État alors qu’il aura un “effet dévas­ta­teur” sur le milieu. « Par­mi les artistes émer­gents qui béné­fi­cient de cette aide, il y a les futurs grands artistes de demain », explique Gilles Petit, prési­dent du cen­tre nation­al des var­iétés et du jazz.

Regard en Coulisse renou­velle son sou­tien à tous les artistes, en herbe ou con­fir­més, à tous les pro­duc­teurs, et à tous les créa­teurs, qui font vivre le spec­ta­cle musi­cal partout en France. Plus que jamais, vive le théâtre musical !

- Publicité -