Les Misérables en concert va être le concert événement de 2017 ! Après le Palais des Congrès de Paris les 4 et 5 mars, il sera en tournée dans toute la France du 28 février au 19 mars. Trente chanteurs lyriques et semi-lyriques aux voix exceptionnelles, et dans des costumes d’époque spécialement réalisés pour cette production, seront accompagnés par un orchestre symphonique dirigé par Alexandra Cravero.
Notre avis: C’est peu dire que l’attente était grande, ce printemps, avec le retour en France des Misérables… en version concert. Un quasi-événement puisque l’œuvre musicale, signée de deux Français, Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, n’a pas été jouée dans sa langue d’origine, dans notre pays, depuis 25 ans… Un comble, surtout lorsque l’on sait que plus de 70 millions de spectateurs l’ont applaudie dans 44 pays depuis sa création, avec des interprétations dans 22 langues… Proposant leur version, sans lien avec la production de Cameron Mackintosh, Les Misérables en concert effectuent donc actuellement une tournée à travers la France. Ils se sont arrêtés trois soirs au Palais des Congrès de Paris. L’occasion de retrouver des airs aussi fameux que « Rouge, la flamme de la colère », « Une poupée dans la vitrine », « Le Grand Jour », ou l’inévitable « À la volonté du peuple » et de revivre la fresque musicale parmi les plus célèbres du monde. La soirée s’ouvre sur Victor Hugo devant son écritoire. L’auteur raconte son récit et présente le premier acte. Si l’on a tendance à se perdre dans ces longs détails, cette introduction est finalement franchement indispensable pour les néophytes, pour suivre ensuite l’œuvre, sans mise en scène, ni décor. Que tous se rassurent, la version de 1991 est fidèlement respectée. Du livret aux partitions, des mélodies aux textes, l’authenticité est présente et l’orchestre symphonique Victor Hugo donne de l’ampleur à l’ensemble.
Les voix s’avèrent quant-à-elles, hélas, très inégales. Personnage central, Jean Valjean tient son rôle et sa voix. Si les spécialistes l’attendaient au tournant sur « Comme un homme » qui impose le silence et fait monter la tonalité, Xavier Mauconduit remporte le pari. Il livre une interprétation profonde et convaincante, tout comme est poignante celle de Fantine (Ita Graffin). Avec un physique frêle et un visage peint de désespoir, elle parvient à transmettre un frisson sur le célèbre « J’avais rêvé ». À leurs côtés, Christina Koubbi et Ronan Debois se révèlent être les meilleurs comédiens de la troupe en excellents Thénardier. Leurs rôles les aident évidemment. En chant, en jeu et en mimiques, ils assurent le spectacle et incarnent à merveille le couple de crapules. Le public ne s’y trompe pas, qui leur a réservé d’ailleurs une ovation méritée. Quant à Mickaël Roupie en Enjolras, il incarne avec voix et prestance le leader des étudiants rebelles. On regrette, en revanche, un Marius (Jean-Christophe Born) franchement au-dessous de son rôle. Effacé, manquant de charisme et de présence vocale, il passe presque inaperçu et c’est bien dommage. Cosette adulte (June Van der Esch) fait de son mieux pour l’accompagner. Elle tire son épingle du jeu, même si l’émotion a du mal à passer. Il faut dire que ces grands airs, qu’ils soient des complaintes solitaires ou des envolées puissantes, sont faits pour être joués et présentés en action. Et qu’il n’est pas chose aisée d’entraîner le public, seul.e derrière un micro, parmi d’inutiles effets de lumière pas toujours du meilleur goût. Nos lecteurs le savent mieux que quiconque : une comédie musicale doit allier la voix et le jeu… L’un ne va pas sans l’autre…
Respectant toutefois leur promesse explicite d’un concert, non d’un spectacle, la soirée permet finalement d’offrir une version plus symphonique qu’impressionnante, plus lyrique qu’émouvante, et plus classique que spectaculaire du musical planétaire. Elle est surtout l’occasion pour le public de (re)découvrir cette œuvre légendaire, présentée avec qualité et propreté. Le final semble libérer la troupe qui se rassemble dans un enthousiasmant et réussi « C’est pour demain », noyé de tricolore. Et l’on se prend à rêver… le grand retour des Misérables en spectacle, c’est pour quand ?