À Dieppe, petite ville portuaire de la côte normande, se trouve un cabaret où Diva Beluga et ses drag queens font le show. Un lieu qui se bat chaque jour pour exister et qui survit grâce à l’énergie, la persévérance et la foi inébranlable de son équipe.
Les réalisateurs Nicolas Engel et Nicolas Birkenstock ont suivi la Sirène à Barbe pendant une année. De manœuvres pour booster la fréquentation de la salle aux luttes acharnées pour vaincre les préjugés – hélas encore bien présents –, Les Sirènes de Dieppe est une ode à la détermination, la solidarité et la tolérance. Au cœur du documentaire, les queens de la Sirène nous racontent leur vie en chansons, à la manière d’une comédie musicale.
Notre avis : Pourquoi faut-il découvrir ce premier documentaire co-signé par Nicolas Engel – un habitué de nos colonnes – et Nicolas Birkenstock ? D’abord pour son sujet, soit l’idée folle d’un autre Nicolas, dieppois d’origine, d’ouvrir un cabaret drag dans cette ville de 30 000 habitants. Une preuve de résilience puisqu’il fut victime avec son compagnon d’une attaque homophobe et décida, ainsi, de relever la tête. Son apparence physique ayant changé en raison de prise d’antidépresseurs, il expliquera dans le film pourquoi il a choisi “Diva Beluga” comme nom de scène. Avec tact et précision, les deux réalisateurs montrent, sur une année (entre deux Fêtes du hareng !), les aléas de ce lieu atypique, porté par l’énergie admirable de ses membres et de ses soutiens extérieurs, tels les parents de Nicolas.
La forme du film constitue un autre motif pour découvrir ce film coloré, tendre et malicieux puisque, chassez le naturel, il prend la forme d’une comédie musicale. En effet, chaque protagoniste se chante. Ces portraits chantés se mêlent à un récit qui montre que l’entraide n’est jamais un vain mot, notamment quand il faut lutter contre un racisme qui menace. Quelque chose de touchant se construit au fur et à mesure de cette petite heure passée en bonne compagnie. Les artistes, certains aux parcours cabossés, provoquent une empathie salutaire et donnent bien envie de nager aux côtés de ces sirènes qui n’évoluent pas en eaux troubles. Enfin il est heureux que, comme l’indique le dossier de presse, ce cabaret – La Sirène à barbe – connaisse enfin le succès qui le met à l’abri des intempéries.