Poétiques et humoristiques… les six gars de Machine de Cirque ont vraiment tout pour plaire. Le seul hic : ils sont seuls au monde. Leur quête : contacter d’autres rescapés à l’aide d’une étrange machine. Y parviendront-ils ? Rien n’est moins certain ! Ils se laissent aisément distraire par leurs fantasmes insolites et ont un talent certain pour se mettre dans des situations périlleuses. On ne peut plus normal ! Comment pourraient-ils survivre autrement à cet univers dépourvu de femmes et d’ordinateurs ? Téméraires, touchants et comiques, ces six personnages éclatés ont une complicité contagieuse. Ils manient de main de maître la planche coréenne, les quilles, la batterie, et même, la serviette de bain.
Notre avis : Bluffant ! Et d’autant plus que la proximité à la scène rend ce qui s’y passe encore plus haletant !
Depuis plusieurs décennies déjà, le cirque a pris le chemin d’un art total qui va au-delà du traditionnel spectacle sous chapiteau : si les prouesses exécutées repoussent toujours un peu plus les limites physiques, elles se combinent volontiers et subtilement à la poésie, à l’humour, à l’émotion, à l’absurde… C’est dans ce registre contemporain que la compagnie Machine de Cirque s’est développée depuis 2013 et propose son spectacle à La Scala Paris, à la fois vertigineux, drôle et lyrique – toujours propice à susciter différentes sensations chez un public irrésistiblement tenu en haleine.
Un décor post-apocalyptique comprenant un échafaudage autour duquel gravitent des objets et des instruments de musique constitue le « terrain de jeux » où s’ébattent un musicien loufoque et cinq artistes circassiens tout à fait sensationnels. Au rythme du percussionniste fou, les performances s’enchaînent – trapèze, haute voltige, jonglage de chapeaux, de massues, acrobaties au travers de cerceaux… – toujours un peu plus extrêmes. Et quand on pense avoir assisté au maximum de ce que peuvent faire nos cinq athlètes, ils n’ont en réalité pas tout à fait dit leur dernier mot et en proposent encore un peu plus, toujours dans une apparente décontraction et une aisance drolatique qui frisent la désinvolture – tandis que, bien évidemment, nous autres restons inévitablement captivés, bien calés sur nos sièges, les yeux écarquillés. En plus de l’humour, la poésie s’invite un peu partout, notamment dans un étourdissant pas de deux avec bicyclette. Au milieu de cette effervescence, on n’a absolument rien contre la pause sexy d’un numéro de serviettes qui, là aussi, fascine sans peine un public ravi. Mais le stress ultime est à venir : une ultime joute sur planche coréenne radicalement époustouflante, au cours de laquelle on se demande si l’un d’entre eux ne va pas atterrir dans le public !
On l’aura compris : ce spectacle d’une énergie inépuisable est un condensé de tous les frissons, du cirque comme on l’aime, sans modération.