Une mère et son fils racontent leur parcours étonnant, tendre et mouvementé.
Deux regards posés sur le temps qui passe. Deux vies qui se croisent : l’une qui commence, l’autre qui s’éteint.
Nos années parallèles, c’est l’histoire d’un amour universel, d’un lien indestructible.
Notre avis : Stéphane Corbin, auteur-compositeur-interprète, faisait paraître en 2017 Nos années parallèles, bel ouvrage relatant son bref parcours de vie avec sa mère : un chemin plus que mouvementé, hélas, empreint d’un amour filial inconditionnel pour une mère en fin de vie. Il nous présente aujourd’hui le spectacle éponyme, tout aussi réussi.
Ces deux parcours croisés, passant de la littérature à la musique, donnèrent lieu à un spectacle vivant créé en 2019 er repris par la suite à Avignon. Paris l’accueille enfin pour une série de représentations limitées (tous les lundis soir). Le cadre intimiste de la petite salle du Théâtre des Mathurins demeure le lieu idéal pour ce huis clos à deux personnages où l’émotion reste intacte. La scénographie minimaliste – composée d’un canapé, d’une lampe et d’une table de chevet – donne d’emblée le ton. La mère (Valérie Zaccomer) égrène les pans d’une vie heureuse, partagée entre un mari et ses deux fils aimants. La maladie, invitée indésirable dans leur vie, va tout chambouler : guérison apparente, rechute, rémission… l’issue sera hélas fatale. L’un d’entre eux (Alexandre Faitrouni) parlera de la relation tumultueuse qu’il entretient avec sa mère, de ses désirs et émois, de sa vie compliquée quand on choisit de s’assumer comme un jeune homosexuel. Auront-ils eu le temps de se dire l’essentiel pendant les vingt-trois premières années de la vie du jeune homme ? Nous sommes en tout cas sûrs qu’ils s’aiment profondément.
Tapi dans l’ombre, le pianiste complice (Stéphane Corbin) les accompagne dans de subtiles chansons, qui arrivent fort à propos dans la narration. Son écriture, tout comme sa musique, s’avère d’une grande délicatesse : les mots et les notes touchent droit au cœur, tout en évitant le piège du mélodrame larmoyant ou de l’excès de pathos. Virginie Lemoine assure une mise en scène discrète et élégante, à son image. Nous retrouvons de fait une partie de l’équipe gagnante qui nous avait charmés en 2017 avec le spectacle 31. Une pépite musicale bien française qui nous fait honneur, prouvant que ce domaine n’est pas l’apanage des grosses productions anglo-saxonnes.