Evan Kingsley est un jeune homme qui rêve de quitter son île pour partir en mer. Il n’a cependant ni l’étoffe, ni la carrure d’un Pirate. Un jour, il découvre la carte d’un trésor inestimable : celui du légendaire Capitaine Halsey. Il saisit ce signe du destin pour se lancer dans cette incroyable conquête ! Mais son envie n’a d’égal que son manque d’expérience.
Par chance, il fait la rencontre de BarbeSale, un ex-capitaine assoiffé d’or qui l’accompagnera et le guidera tout au long de cette expédition. Après avoir rassemblé un équipage peu banal, il s’embarque pour ce grand voyage, où il apprendra à écouter son cœur face à des choix inattendus. Il sera confronté aux humeurs vagabondes des marins, manipulés par le charismatique et ambitieux pirate nommé La Buse.
Mais il pourra toujours compter sur le précieux soutien de son amie Anne Mery, déguisée en homme afin d’intégrer l’équipage. Sa détermination le mènera vers la fameuse île indiquée sur sa carte. Mais au bout du chemin, le trésor n’est peut-être pas celui auquel il s’attendait…
Notre avis : Tout commence avec un générique vidéo digne d’une ouverture de film de cinéma. Et non ! Nous sommes au théâtre, sur la scène du Casino de Paris. L’ouverture plante tout de suite le décor. Une taverne bourrée de pirates, ils sont ivres. Autant dire que les chorégraphies de Thomas Bimaï , véritable point fort du spectacle, sont convaincantes. La beauté des costumes de Magali Gineau, totalement adaptés à cet univers, participent de cette réussite. Visuellement, ces Pirates ont de quoi séduire. La scénographie de David Ledorze est au diapason. En premier lieu, un bloc ouvert se trouve au centre de la scène. À l’intérieur, on y découvre une magnifique taverne. Fournie et riche en détails, les spectateurs voyagent loin du Casino de Paris. Puis, en l’espace de quelques tableaux, ce même bloc encombre la scène. Mais arrivé sur le navire, nous sommes de nouveau émerveillés. Dans le second acte, à l’arrivée sur l’île, il y aussi de belles trouvailles pour déguiser ce bloc. Pour compléter ce décor, beaucoup de vidéos accompagnent la scénographie. Belles et riches en détails, elles contribuent au voyage du spectateur. Enfin, la mise en scène joue sur la rapidité : tout s’enchaîne sans temps morts et la distribution, tout à fait à la hauteur, nous embarque. Mention spéciale au tableau de l’indigestion qui nous rappelle très rapidement le célèbre groupe des Stomps. Côté lumière, il y a de vraies belles trouvailles de la part de Fred Drichos et une image reste particulièrement en tête : la découverte du trésor. On assiste à un dessin animé en live. C’est magnifique !
Cette rapidité dans le déroulé de l’intrigue en constitue également ses limites. À cinq minutes du début du spectacle, le petit Evans devient un véritable professionnel du combat. Trente secondes plus tard, en donnant la main à Anne Mery, qui embarquera avec lui sur le bateau, on sait comment tout cela va se terminer. La rapidité des événements entraîne un manque de subtilité. S’il faut faire confiance aux jeunes spectateurs, qui comprennent beaucoup plus de choses qu’on ne le pense, il est maladroit de vouloir tout leur montrer. L’aspect musical appelle également quelques réserves. Les paroles sont un peu brutes et on ne ressort pas particulièrement avec une musique en tête. Quant à certaines intentions, elles peuvent sembler discutables. En effet, on pourrait croire, à première vue, qu’il s’agit d’un spectacle engagé. Pourtant, on voit beaucoup de maladresse dans le propos tenu. Quand on s’adresse à jeune public, il faut vraiment le faire avec finesse, intelligence et précision. De bonnes idées semblent mal exploitées. Ainsi de ces femmes pirates : pourquoi en avoir fait des êtres castrateurs et cruels ? Nous regrettons également que le pirate gay soit, au final, ridiculisé en le faisant danser autour de deux hommes particulièrement féminins et vulgaires. Fallait-il, pour le tableau de la danse indigène, se limiter à une chorégraphie qui, si elle est plutôt belle en soi, se contente d’exploiter un cliché ? Ne fallait-il pas, bien au contraire, l’envisager comme bien moins caricaturale ? Sans pour autant adhérer au politiquement correct, le spectacle gagnerait à être plus nuancé.
Promotion de l’homosexualité totalement déplacée dans un spectacle pour enfants (marre du politiquement correct…). Partition musicalement nulle : pas la moindre trace d’une recherche sur les thèmes musicaux. Seules les chorégraphies, sans être exceptionnelles, sont réussies.