Découvrez l’histoire palpitante du premier groupe de punk féminin anglais, The Slits, petites sœurs des Sex Pistols et des Clash.
Elles étaient quatre et venaient d’univers sociaux extrêmement variés. Elles s’appelaient Viv Albertine, Ari Up, Palmolive et Tessa Pollit. Elles vivaient à Londres.
Elles avaient entre quatorze et vingt ans. Elle se sont lancées à corps perdu dans cette aventure : deux d’entre elles n’avaient jamais touché un instrument de musique auparavant. Elles ont réussi l’exploit d’être le premier groupe au monde à obtenir le contrôle total de leur image auprès de leur maison de disque.
Notre avis : Punk.e.s raconte librement la rencontre et l’histoire vraie du premier groupe de punk féminin londonien.
1976, le Royaume-Uni s’enlise dans une crise économique, quatre filles (très) en colère forment les Slits (« fentes » en français) tandis que leur homologues masculins (les Clash et les Sex Pistols ) glorifient un mouvement rageur et éphémère désormais devenu culte.
Viv Albertine, Ari Up, Palmolive et Tessa Pollit s’unissent pour le pire en rêvant du meilleur, s’emparent d’instruments « virils » sans savoir en jouer, braillent et enchaînent les concerts, faisant de la musique leur vecteur de révolte.
Écrite par Justine Heynemann et Rachel Arditi, la pièce bouillonne d’énergie, mélange habilement les genres et retrace l’épopée musicale d’adolescentes délicieusement provocatrices.
Décor métallique et gris comme un ciel londonien, sol jonché de câbles, flight cases disséminées sur scène, l’ambiance est sombre et poisseuse. Le quatuor revendique, conteste, et nous embarque dans leurs histoires conflictuelles avec autrui ou elles-mêmes.
Six artistes dont un homme – ne l’oublions pas – interprètent les six protagonistes pour se glisser furtivement dans la peau de seize personnages, avec parfois un simple accessoire et on y croit ! Patti Smith, Cid Vicious, les Clash, jusqu’à Margaret Thatcher, défilent sur la scène de la Scala Paris comme pour ancrer l’histoire dans l’histoire. Le livret est solidement construit, les choix musicaux toujours justes et habilement revisités, offrant quelques magnifiques versions acoustiques (« Should I Stay or Should I Go », « Miss You ») et quelques instants d’émotion pure dans le chaos et la rébellion régnant sur le plateau.
Servis par une mise en scène inventive et nerveuse juste ce qu’il faut, pour laisser filtrer suffisamment d’humour et de légèreté (sous le chapeau du manager libidineux, Rachel Arditi est excellente de justesse et de drôlerie), ces six artistes « touche-à-tout », chacun dans leur style, sont absolument convaincants.
En bref, une heure trente à la vitesse du son, du bruit, de la fureur, de la tendresse, de l’humour pour une comédie musicale originale, drôle et un brin décalée : Punk is not dead !