Rosemary Lovelace, grande prêtresse des romans à l’eau de rose, vous convie à une performance inédite : l’écriture en direct « liiiiive » de son 548e roman ! Accompagnée au piano par Thérèse, son insolente secrétaire qui va suivre tant bien que mal l’inspiration déjantée de sa patronne, elle déroule son éternelle recette : une jeune fille un peu oie blanche à la recherche de l’homme idéal ! « La Lovelace » en fait voir de toutes les couleurs à son héroïne, à l’image des airs coquins et fantaisistes qui ponctuent le récit. Et pour rester « in », elle propose au public une fin interactive. Ne croyez pas les journaux à scandale qui la brocardent : « La Vieille Rose » en a encore sous le capot !
Notre avis : Quand l’auteure à succès Rosemary Lovelace décide de prouver aux tabloïds irrespectueux qu’il ne faudrait pas l’enterrer trop vite, elle le fait savoir haut et fort. Tout en composant sous nos yeux l’intrigue de son énième roman à l’eau de rose, elle ne se ménage pas et se plaît à incarner tous les personnages : l’héroïne candide, la sœur délurée, la mère guindée, les prétendants entreprenants, le mari infidèle…
L’histoire nous est racontée tantôt depuis sa machine à écrire – passablement entourée de flasques de toutes tailles remplies de remontants certainement spiritueux – où officie celle qui se pose en rivale inaccessible de Barbara Cartland, tantôt au devant de la scène par des chansons éloquentes– souvent coquines, car il faut bien avouer que tout tourne autour de « ça ». Le ton pince-sans-rire de la narration de Rosemary Lovelace, quelque peu agacée par les pitreries de sa secrétaire-pianiste, et la tournure désopilante que prennent les aventures de cette jeune fille fraîchement sortie du couvent qui ne connaît rien à « ça » installent fermement un humour de cabaret qui séduit un public de connaisseurs – même si nous aurions parfois aimé un peu plus de fluidité dans l’enchaînement des numéros et de subtilité dans le jeu.
Les moments musicaux sont rondement menés par l’exubérance de Marie Charlet – alias Rosemary Lovelace – et la truculence d’Anne Cadilhac qui n’hésite pas à entonner, depuis son clavier, une seconde voix ou des contre-chants. Un spectacle pétulant et bien fichu qui fleure bon le champagne – rosé, évidemment !