C’est bien plus qu’une « lecture » qui nous a été donnée de voir ce 27 janvier à l’Apollo Théâtre. Pas de décor pour habiller la scène, certes, mais des lumières joliment travaillées, des costumes bien taillés, une mise en espace et des chorégraphies précisément calées, et des artistes visiblement enthousiastes.
Sara, la petite princesse est l’adaptation libre d’un roman pour enfants d’une certaine Frances Hodgson Burnett, dont toute une génération a conservé en mémoire Le Petit Lord Fauntleroy au travers d’une adaptation à succès en 1980. Digne héritière de Charles Dickens, la romancière britannique reprend des thèmes traditionnels chers à la littérature pour la jeunesse. À Londres, à la fin du XIXe siècle, Sara, dont on comprend qu’elle a perdu sa mère, est placée par son riche père dans un prestigieux pensionnat tenu par une directrice autoritaire. Bienveillante, éveillée, aimant la lecture, bonne élève, elle est accueillie par les autres pensionnaires de diverses manières : la jolie, intelligente mais infecte Lavinia voit d’un mauvais œil l’arrivée d’une nouvelle première de la classe plus populaire et cherche à lui barrer la route ; d’autres se réjouissent de sa gentillesse et admirent sa fantaisie. Quant à la directrice, elle flatte Sara pour s’assurer que l’argent de son père continue d’alimenter les caisses de son institution – ainsi que son propre portefeuille. Tout bascule le jour où une lettre vient apprendre que le père se Sara, resté en Inde, est mort et que toute sa fortune est perdue. L’odieuse directrice va alors lui faire payer durement son changement de statut social. Le courage, l’empathie et l’imagination suffiront-ils à Sara pour lui faire traverser les dures épreuves qui l’attendent ?
Le livret, les paroles et les musiques de Neil Charfi épousent de belle manière cette touchante histoire guidée par les bons sentiments et destinée à un public familial. La galerie des personnages qui peuplent le pensionnat offre une palette variée de caractères – la fantaisie, la naïveté, la méchanceté, l’avarice, la solidarité, l’amitié… – servis par des comédiennes et des comédiens très à l’aise dans ce genre de spectacle, où priment la franchise d’expression et la relation au public. On rit souvent, on est charmés tout le temps.
Cette première présentation publique déjà très aboutie, qui constitue une étape forte dans la réalisation de ce projet, prouve que les créateurs tiennent là un spectacle prêt à être monté et montré sur scène. Souhaitons à Sara, la petite princesse de ravir prochainement de nombreux publics.