Théâtre de la Huchette — 23 rue de la Huchette — 75005 Paris.
À partir du 14 janvier 2020, du mardi au samedi à 21h.
De et avec Eva Rami.
Mise en scène : Marc Ernotte.
Création lumières : Luc Khiari.
Création costumes : Ophélie Avril.
Dans le premier seule en scène Vole ! qu’elle a écrit, Eva Rami nous retraçait le passage ô combien difficile de l’adolescence vers l’âge adulte. Dans ce second volet, on retrouve le personnage d’Elsa, confrontée au regard familial (plus particulièrement paternel) et à celui de son milieu professionnel.
À travers les différents personnages qu’elle interprète, tour à tour « attachiants », fantasques, mégalos, horripilants, Elsa nous confie ses difficultés pour trouver sa place et imposer ses choix de vie. Loin de réduire son propos à l’univers du théâtre, elle nous embarque dans un monde qui nous est familier et auquel chacun d’entre nous peut s’identifier.
La mère (toujours fumeuse chronique), le père (figure centrale de ce second volet), la grand-mère maternelle (pas moins excentrique), la grand-mère paternelle (à l’accent niçois prononcé), ainsi que plusieurs nouveaux personnages (professeurs, metteurs en scène, réalisateurs…), accompagnent Elsa dans sa construction de jeune femme, pour le meilleur et pour le pire.
Notre avis : « Plus tard je voulais être Elie Kakou. » Ce qui sonne comme une déclaration d’amour ouvre le seule en scène d’Eva Rami. La jeune femme évoque son parcours, depuis son enfance à ses premiers pas dans le monde du théâtre et du cinéma. S’y révèle un réel tempérament, celui d’une comédienne dont la vocation fut contrariée par un père aimant, dont l’accent niçois renforce le côté bourru, ne comprenant pas que « jouer » puisse être un métier, le soutien d’une mère parfois maladroite accrochée à ses cigarettes et les regards tendres des grand-mères, drôles et percutantes. Pour donner une juste distanciation, la comédienne se renomme Elsa, mais conserve son nom de famille. Cette vocation, donc, la comédienne en offre une métaphore par le biais d’une toile d’araignée de laquelle il est impossible de sortir, et c’est tant mieux. En effet, Elsa/Eva a bien fait de persévérer : le talent de l’actrice, également auteure des textes, lui permet d’emmener facilement le public là où elle veut. Les différents portraits brossés sonnent juste, du professeur de théâtre provincial à la réalisatrice un peu trop sûre de son talent. Le comique de situation le dispute à des moments plus intimes, sans doute les plus réussis, durant lesquels Eva Rami se confie, retirant une partie du fard qui masque son personnage. Un spectacle que les aspirantes et aspirants comédien-ne‑s auraient sans nul doute bénéfice à découvrir. Le public, en tout cas, ne boude pas son plaisir.