La Dame blanche

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1961

Salle Favart - 5 rue Favart - 75002 Paris.
Les 20, 22, 24, 26, 28 février à 20h et le 1er mars à 15h.
Renseignements : 01 70 23 01 31 ou sur le site de l'Opéra Comique.

1759 — un vil­lage écos­sais, loin des guer­res du con­ti­nent, un château en déshérence, han­té par un fan­tôme, des paysans loy­aux mais cré­d­ules, une orphe­line courageuse, un sol­dat amnésique et chevaleresque, un inten­dant cupi­de, un juge cor­rompu : tels sont les pro­tag­o­nistes d’une intrigue où se suc­cè­dent appari­tions fan­tas­tiques et coups de théâtre.
Avec son 26e opéra-comique, Boield­ieu ent­hou­si­as­ma Rossi­ni, Weber et Wag­n­er. La Dame blanche fut le pre­mier titre de l’Opéra-Comique à attein­dre 1000 représen­ta­tions et con­nut un suc­cès mon­di­al et durable, jusqu’à inspir­er la fin du Tré­sor de Rack­ham le Rouge à Hergé.

Notre avis : Créée à l’Opéra-Comique en 1825, La Dame blanche est restée très pop­u­laire jusqu’au pre­mier quart du XXe siè­cle. Hergé, parse­mant ses albums de la cul­ture de son enfance, fit même chanter à Tintin, en état d’ivresse, dans Le Crabe aux pinces d’or, l’air de Jen­ny « Prenez garde, prenez garde, la Dame blanche vous regarde ». Le livret ne manque pas de sen­sa­tion et la musique est superbe. Mais depuis plus de cinquante ans, les représen­ta­tions se font beau­coup plus rares.

L’histoire se passe dans un vil­lage écos­sais où un jeune sol­dat du nom de Georges Brown revient sur les ter­res de son enfance dont il n’a que de vagues sou­venirs. Au vil­lage, on attend avec inquié­tude la vente du château des Avenel dont l’héritier, Julien, a dis­paru depuis longtemps. Gave­ston, l’ancien inten­dant du château s’en porte acquéreur, mais les vil­la­geois veu­lent l’en empêch­er, espérant tou­jours le retour de Julien. Ils remet­tent tous leurs espoirs entre les mains de la mys­térieuse Dame blanche, un fan­tôme qui arpente les rem­parts la nuit…

Le vil­lage dans la mon­tagne écos­saise et le château isolé sont très bien fig­urés par les beaux décors d’Emmanuelle Roy, qui sont agré­men­tés de pro­jec­tions vidéo don­nant une belle pro­fondeur au plateau. Les lumières de Jean-Luc Chanonat plon­gent le château dans une semi-pénom­bre qui nous main­tient, durant tout le spec­ta­cle, dans une ambiance inquié­tante. La mise en scène de Pauline Bureau accentue l’aspect mys­térieux de l’intrigue par quelques jolis effets, mais mal­heureuse­ment trop peu nom­breux, et les ressources du dis­posi­tif scénique ne sont vrai­ment exploitées qu’au troisième acte. L’ensemble reste un peu trop sta­tique, les mou­ve­ments du chœur se réduisent à des entrées et sor­ties de scène, et ceux des solistes ne sont pas beau­coup plus variés.
Mais l’esthétique est très réussie et la dis­tri­b­u­tion est à la hau­teur des exi­gences musi­cales de l’œuvre. Philippe Tal­bot assure de bout en bout une par­ti­tion de ténor écras­ante et apporte à Georges Brown la vail­lance et le roman­tisme néces­saires. Il forme avec la sopra­no Elsa Benoit, Anna touchante et déter­minée, un très beau duo. Autour d’eux, Aude Extré­mo mar­que les esprits par sa voix de mez­zo puis­sante et chaleureuse, et le ténor Yann Beu­ron (Le Roi Carotte) est un excel­lent Dick­son : la voix est tou­jours aus­si bril­lante et l’aisance scénique remar­quable. Dans la fos­se, Julien Leroy dirige tout en nuances l’Orchestre nation­al d’Île-de-France et assure un accom­pa­g­ne­ment solide pour le chœur Les Élé­ments et les solistes.

Avec cette nou­velle pro­duc­tion, l’Opéra Comique offre de très belles con­di­tions pour redé­cou­vrir la musique mag­nifique de François-Adrien Boield­ieu et le livret plaisant d’Eugène Scribe, qui n’avaient pas été don­nés depuis 1997 dans cette salle. Souhaitons qu’il ne faille pas atten­dre encore plus de vingt ans pour revoir la Dame blanche hanter les couloirs de la salle Favart !

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