Water for Elephants

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Imperial Theatre – 249 West 45th Street, New York.
Première le 21 mars 2024.
Pour en savoir plus, cliquez ici.

Notre avis : A pri­ori, le titre de cette comédie musi­cale pour­rait faire penser qu’elle se passe en Afrique ou en Inde. Il n’en est rien et c’est là l’une des sur­pris­es de cette nou­velle pro­duc­tion qui vient de débuter à Broad­way. Inspirée du roman de l’auteure cana­di­enne Sara Gru­en pub­lié en 2006 – déjà adap­té au ciné­ma en 2011 avec Robert Pat­tin­son et Reese With­er­spoon –, elle met en scène Jacob Jankows­ki, Polon­ais d’origine et vétéri­naire de son état, qui racon­te l’histoire de sa vie.

Son père, lui aus­si vétéri­naire, l’a poussé à faire des études dans ce domaine, avant de lui avouer, la veille du jour où Jacob doit pass­er ses exa­m­ens d’entrée à l’université, qu’il n’a plus les moyens de pay­er ses études. Jacob n’a plus qu’une ressource : il quitte le foy­er famil­ial et s’embarque vers l’aventure et l’avenir. Comme il longe une voie fer­rée, il bon­dit, au pas­sage d’un train, dans un wag­on où il se trou­ve nez à nez avec les ouvri­ers d’un cirque en tournée, les Ben­zi­ni Broth­ers, bien con­nus pour faire con­cur­rence aux Rin­gling Broth­ers. L’un d’eux, Camel, se prend d’amitié pour ce jeune homme qui lui dit n’avoir pas un sou en poche. Il l’incite à tra­vailler avec l’équipe du cirque et, puisqu’il voulait être vétéri­naire, s’occuper des animaux.

Isabelle McCalla et Grant Gustin ©Matthew Murphy

Quand le train s’arrête, Jacob fait la con­nais­sance d’Au­gust Rosen­thul, l’impulsif régis­seur du cirque, qui peut être doucereux un moment et hargneux le moment d’après, et qui l’embauche sur la recom­man­da­tion de Camel. C’est ain­si que Jacob ren­con­tre la sémil­lante Mar­lena, la com­pagne d’August, qui fait à cette dernière un cadeau de choix en la per­son­ne de Rosie, une éléphante avec laque­lle Mar­lena va devenir la vedette du spec­ta­cle. Au début, les rap­ports entre Jacob et Mar­lena sont cor­diaux, puis ami­caux, jusqu’au moment où, par la force des choses, il l’embrasse un soir au clair de lune.

August, qui com­mence à les soupçon­ner, s’en prend physique­ment à Jacob et à Mar­lena, qui le quitte tout en con­tin­u­ant son rôle auprès de Rosie. Mais, gradu­elle­ment, les employés du cirque se tour­nent con­tre August et ses méth­odes bru­tales, et lâchent les ani­maux dans la nature pour man­i­fester leur ressen­ti­ment. Rosie, qu’Au­gust ne ces­sait de harcel­er en lui por­tant de l’eau traitée à sa façon, saisit un pieu dans sa trompe et le tue. Le calme revenu et le cirque fer­mé pour de bon, Jacob et Mar­lena trou­vent du tra­vail auprès des Rin­gling Broth­ers, s’épousent et vivent heureux pen­dant cinquante ans jusqu’au décès de Marlena.

La troupe de Water for Ele­phants © Matthew Murphy

Ce n’est pas tant l’histoire qui attire, mais la façon dont elle a été mon­tée, dans les décors réal­istes de Takeshi Kata, les cos­tumes attrayants de David Israel Reynoso, les éclairages vivants de Bradley King, qui tous don­nent un reflet physique sobre mais effec­tif à l’ensemble. Mais là ne s’arrêtent pas les mul­ti­ples plaisirs qui éma­nent de cette pro­duc­tion. Car Water for Ele­phants (le titre fait allu­sion à un com­men­taire fait par l’un des per­son­nages de sec­ond plan qui se vante d’avoir colt­iné des seaux con­tenant de l’eau pour déshy­drater les éléphants, lesquels con­som­ment jusqu’à 300 litres d’eau par jour) est une œuvre hybride de toute pre­mière classe, un mélange astu­cieux de ce que Broad­way a de mieux à offrir avec les déploiements d’acrobaties d’ordinaire réservés aux spec­ta­cles sous chapiteau.

Cer­tains numéros de cette comédie musi­cale ont été conçus pour don­ner aux acteurs et chanteurs pro­fes­sion­nels l’occasion de se man­i­fester dans un milieu qui leur est fam­i­li­er tan­dis qu’à leurs côtés, une foule d’acrobates se livrent à des exer­ci­ces qui lais­sent par­fois les spec­ta­teurs pan­tois, le tout choré­graphié par Jesse Robb et Shana Car­roll et mis en scène par Jes­si­ca Stone. Ce qui rend ces moments plus prenants et intéres­sants tient égale­ment aux accents jazz 1930 de la plu­part des chan­sons, un change­ment rad­i­cal après tout ce qu’il nous a été don­né d’entendre trop fréquem­ment dans le cadre de plusieurs saisons théâ­trales récentes. Il est à souhaiter qu’un enreg­istrement per­me­tte de mieux appréci­er encore cette par­ti­tion, ce qui sera sans doute le cas puisque les auteurs des chan­sons sont un groupe con­nu dans les milieux théâ­traux sous le nom Pig­Pen The­atre Co., qui a égale­ment évolué et enreg­istré dans d’autres gen­res musicaux.

La troupe de Water for Ele­phants © Matthew Murphy

Reste la dis­tri­b­u­tion qui compte Gregg Edel­man, bien con­nu pour les rôles qu’il a tenus dans des comédies musi­cales de mar­que (City of Angels, Into the Woods et Cabaret, entre autres), qui campe ici un Jacob vieil­lis­sant et doté d’une pointe d’humour après toutes les épreuves qu’il a con­nues ; Grant Gustin, nou­veau venu à Broad­way mais élo­quent dans son inter­pré­ta­tion de Jacob jeune homme ; Paul Alexan­der Nolan, odieux au pos­si­ble sous les traits d’August ; Joe de Paul, un comé­di­en-né de petite taille qui révèle ses immenses tal­ents de pres­tidig­i­ta­teur et son humour latent dans le cadre du deux­ième acte ; et surtout Isabelle McCalla, irré­sistible­ment séduisante et adorable dans le rôle de Mar­lena. À leurs côtés, une large dis­tri­b­u­tion de comé­di­ens et d’acrobates ajoutent leurs pro­pres tal­ents ; il faut surtout not­er que le moin­dre moment musi­cal sem­ble être une excuse pour danser et faire des acro­baties dans des numéros entraî­nants et visuelle­ment éton­nants. C’est ce qui donne à Water for Ele­phants son allant et en fait un spec­ta­cle qui laisse une forte impression.

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