L’Extraordinaire Destinée de Sarah Bernhardt

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Théâtre du Palais-Royal – 38, rue de Montpensier, 75001 Paris.
Du 27 août au 31 décembre 2024. Du mardi au samedi à 20h30 jusqu'au 6 octobre, puis en alternance avec la pièce Edmond à partir du 8 octobre.
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La vie de la pre­mière star inter­na­tionale, celle qu’on nom­ma « la divine », « le mon­stre sacré », « la voix d’or », « l’impératrice du théâtre », « la scandaleuse ».

Sarah, celle qui dor­mait dans un cer­cueil, col­lec­tion­nait les hommes et les ani­maux, fit un enfant avec un prince, tra­ver­sa deux guer­res, claqua deux fois la porte de la Comédie-Française, alla jouer jusqu’au far-west… Tout cela avec extrav­a­gance, humour et un engage­ment sans faille, portée par sa devise « Quand-même ! ».

Dix artistes, trente-cinq per­son­nages : une ode à la lib­erté, la prise de risque et la détermination.

Notre avis : La ren­trée théâ­trale s’an­nonce bien ! C’est dans le bel écrin du théâtre niché dans les jardins du Palais-Roy­al que Géral­dine Mar­tineau a choisi de nous présen­ter sa pièce con­sacrée à Sarah Bern­hardt. On se sou­vient de la créa­tion en 1982 de Sarah et le cri de la lan­gouste inter­prété par Del­phine Seyrig qui nous dépeignait un per­son­nage vieil­lis­sant remon­tant le fil de sa vie. Dans cette pièce à deux per­son­nages, elle se con­fi­ait à son fidèle secré­taire Pitou.

Le spec­ta­cle d’au­jour­d’hui déploie les acteurs prin­ci­paux de la vie de la tragé­di­enne – sa mère, ses sœurs, les hommes… – ain­si que les événe­ments trag­iques qui ont mar­qué son incroy­able des­tinée… Au total, pas moins de trente-cinq per­son­nages sont ici ressus­cités par une incroy­able palette de dix comédiens.nes dont deux musiciens.nes ! Le pro­pos de Géral­dine Mar­tineau sem­ble clair : ren­dre un hom­mage vibrant à une femme d’ex­cep­tion résol­u­ment mod­erne, voire d’a­vant-garde. Les con­vic­tions des deux femmes se retrou­vent, dans le désir de (re)produire à cent ans d’in­ter­valle de nou­veaux mod­èles féminins. De sur­croît, elles aiment par-dessus tout le théâtre qui les habite. Elles se rejoignent dans une soif de lib­erté et de jus­tice qui ne les lâche pas.

Nous sommes séduits dès le lever de rideau par la déli­catesse de la scéno­gra­phie, le raf­fine­ment des cos­tumes, les jeux sub­tils de lumières. Nous retrou­vons un plaisir aus­si vif que celui du spec­ta­cle La Dame de la mer, mon­té en 2023 à la Comédie-Française par Géraldine.

Estelle Mey­er incar­ne la grande Sarah avec sub­til­ité, en évi­tant les pièges de la grandil­o­quence : point d’ex­cès dans son jeu, car l’autrice a choisi de dépein­dre une femme résol­u­ment humaine qui aime, se bat con­tre les injus­tices et sait don­ner aux autres. Le choix d’une comé­di­enne qui, de sur­croît, chante à ravir sert mag­nifique­ment le texte : la par­ti­tion musi­cale ponc­tu­ant le spec­ta­cle arrive tou­jours fort à pro­pos. La dis­tri­b­u­tion – d’une homogénéité sans faille – nous per­met de retrou­ver Isabelle Gar­di­en, qui a su pen­dant de longues années servir mag­nifique­ment la Mai­son de Molière.
La récente expo­si­tion du Petit Palais con­sacrée à ce mon­stre sacré avait remis en mémoire, ou fait décou­vrir, cette fig­ure inclass­able du monde du théâtre, large­ment applaudie au-delà de nos fron­tières. Ce nou­v­el éclairage ne fera que con­forter l’idée que cette inclass­able impéra­trice du théâtre recèle encore des secrets, tou­jours à découvrir.

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