« Je ne suis pas une grande dame de la chanson, je ne suis pas une tulipe noire, je ne suis pas poète, je ne suis pas un oiseau de proie, je ne suis pas désespérée du matin au soir, je ne suis pas une mante religieuse, je ne suis pas dans les tentures noires, je ne suis pas une intellectuelle, je ne suis pas une héroïne, je suis une femme qui chante ! »
Cette déclaration de Barbara (dans le programme de son Olympia 69) a été notre boussole tout au long de la création de ce spectacle : une femme raconte son enfance, les rires, la guerre, l’inceste, le music-hall, la Chrysler de Monsieur Victor, Nantes… et « la folie de chanter ! »
Elle n’a pas encore écrit de chanson, n’a pas encore connu la gloire. Elle est encore Monique Serf, celle qui deviendra Barbara.
« J’ai peur, j’avance » dit-elle. Et nous suivons ses pas.
L’année de sa disparition, Barbara entreprend d’écrire le récit de sa vie. Un texte poignant et drôle qui donne de la force et nous engage à suivre nos rêves.
Notre avis : Barbara se définissait comme « pianiste chantante ». Elle l’a souvent répété durant ses interviews et ses Mémoires Il était un piano noir…, qu’elle ne put mener à terme, fauchée bien trop tôt par la mort en novembre 1997, s’en font l’écho. Catherine Pietri propose sa vision de l’artiste en interprétant non pas ses chansons, mais ses mots. Et avec quelle finesse ! La délicatesse de ce seule en scène permet au spectateur de se lover dans l’univers de l’artiste et, très vite, une belle émotion se dégage et étreint la salle. Pas question ici de relater le parcours de vedette de Barbara : on s’intéresse à l’enfant qu’elle fut, au drame qu’elle vécut avec son père, sa relation fusionnelle avec Granny, sa grand-mère adorée, à sa fuite en Belgique et à ce retour à bord d’une voiture qui semblait filer comme dans un rêve, conduite par M. Victor, à qui elle consacra une chanson. L’écriture, l’élégante scénographie, les lumières… tout procède de cet hommage pudique et puissant à l’artiste dont l’aura n’a jamais terni depuis sa disparition. Vous n’entendrez pas la voix de Barbara, ni ses chansons, sauf un couplet aux derniers instants du spectacle, mais la musique n’est pas absente. Attendez-vous à être étonné·e par les orchestrations originales de certains titres qui ponctuent judicieusement ce très beau spectacle – que l’on ne peut que vous recommander chaleureusement.