Nous étions la forêt

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Théâtre Ouvert – 159, avenue Gambetta, 75020 Paris.
Du 13 au 25 janvier 2025. Lundi, mardi, mercredi à 19h30, jeudi, vendredi à 20h30, samedi à 18h.
Pour en savoir plus et réserver, cliquez ici.

Le quo­ti­di­en des habitant.es du bois de la Fer­mette se trou­ve boulever­sé lorsque les ser­vices de la mairie annon­cent vouloir y implanter un parc pho­to­voltaïque. La forêt devient alors tour à tour un ter­rain de dis­sen­sions et d’émulations haute­ment poli­tiques, un catal­y­seur des crises qui sec­ouent le corps social con­tem­po­rain, le sym­bole mythologique d’un refuge frag­ile, durable­ment men­acé par l’urgence climatique.

Notre avis : Un cou­ple, répon­dant à tous les arché­types de néo-ruraux, ouvre le spec­ta­cle, présen­tant ses (nom­breux) espoirs et ses (quelques) craintes quant à ce nou­veau départ dans la vie. Certes, elle vient de faire un burn-out et ne sup­porte pas que son con­joint, qui lui s’inquiète que la fibre ne parvi­enne jusque dans leur fer­mette, prononce « Paris », cette ville hon­nie. Dès les pre­mières min­utes on chante, sur un air sim­ple et des paroles qui le sont tout autant. Par la suite, l’auteure nous invite à décou­vrir les per­son­nages, eux aus­si arché­ty­paux, habi­tant dans ce havre de ver­dure qu’est le bois de la Fer­mette, soit une aide-soignante guet­tée par la mal­adie, son fils le foresti­er fatigué, une com­parse arboriste les­bi­enne éco­lo con­va­in­cue, et bien­tôt une ornitho­logue qui vivra une intense his­toire d’amour avec la forestière. Mais où est donc le prob­lème ? Il survient rapi­de­ment lorsque le foresti­er, qui s’était bien gardé de ven­dre la mèche, doit bien con­firmer l’information des ser­vices de la mairie de la « com-com » puisque main­tenant on ne dit plus « vil­lage » : ras­er la forêt que tous adorent pour y planter un parc pho­to­voltaïque, his­toire de pro­duire une énergie pro­pre. Mais cela au détri­ment d’une forêt mil­lé­naire. La résis­tance s’organise.

L’auteure se lance dans une démon­stra­tion des dan­gers liés aux ten­sions que cette sit­u­a­tion provoque. Son élan est human­iste, généreux, même si le trait est par­fois un peu épais. Toute­fois, la plume est la plu­part du temps alerte et la pièce touche au but en réson­nant avec l’actualité (il y est fait référence aux incendies mon­u­men­taux de Los Ange­les) et la forme musi­cale, qui pour­rait paraître désuète au vu du pro­pos, s’intègre fort bien dans le réc­it. Des chan­sons orig­i­nales côtoient des titres con­nus, que nous vous lais­serons décou­vrir. La scéno­gra­phie, présen­tant une forêt arach­néenne, par­ticipe de la réus­site de l’en­tre­prise, au même titre que l’ensem­ble de la dis­tri­b­u­tion, remar­quable. Le cynisme de notre société est dénon­cé avec une force ren­for­cée par la psy­cholo­gie des per­son­nages, très soignée. Nul manichéisme ici, mais une lutte con­jointe, partagée par une salle au dia­pa­son, pour une société plus respectueuse du vivant, de tous les vivants.

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