Une 42e rue magistrale

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Qui pou­vait mieux que Lau­rent Val­ière et son équipe pro­gram­mer à 20 h un con­cert de comédie musi­cale dif­fusé en direct sur des ondes du ser­vice pub­lic (avec, en plus, une grève qui gronde ces temps-ci à Radio France) ?

Après avoir célébré ses dix ans d’ex­is­tence en grandes pom­pes l’an dernier, l’émis­sion « 42e rue » renou­ve­lait ce lun­di 2 décem­bre, pour le plus grand bon­heur de ses audi­teurs déjà habitués aux émis­sions enreg­istrées en direct, l’ex­péri­ence de réu­nir sur un même plateau une cen­taine d’artistes, dont un orchestre de vingt musi­ciens, pour une soirée unique, diver­tis­sante, fes­tive et riche en émo­tions… D’ailleurs, le pro­duc­teur lui-même ne cache pas son souhait d’en faire un ren­dez-vous annuel (voir notre entre­tien avec Lau­rent Val­ière).

Comme l’an­née dernière, une créa­tion était prévue pour l’oc­ca­sion. Las ! De som­bres his­toires de droits de suc­ces­sion auront empêché qu’elle ne prenne vie. Peu importe… La joie, le swing et la bonne humeur étaient au ren­dez-vous de l’événe­ment musi­cal, sous la baguette de l’indis­pens­able et tal­entueux Thier­ry Boulanger.

Dans cette soirée ryth­mée, où alter­naient les inter­views et les plages musi­cales, où la jeune généra­tion côtoy­ait les plus anciens, où le réper­toire d’opérette française se frot­tait aux accents plus jazzy de Broad­way, et où la bon­nette rouge du micro de Lau­rent Val­ière n’ar­rê­tait pas de se faire la malle (entre autres imprévus inhérents au direct), il y en avait pour tous les goûts : des pre­miers pas dans l’u­nivers du musi­cal (le cours Flo­rent, le CRÉA d’Aulnay-sous-Bois, Bar­bara Car­lot­ti), des spec­ta­cles qui ont été pro­gram­més (Jun­gle Book, Nor­mandie) ou qui vont être repris (L’Amour vain­queur), d’autres qui se jouent actuelle­ment (Quand la guerre sera finie), d’autres encore qui seront bien­tôt à l’af­fiche (Yes, Isabelle Georges, Le Tour du monde en qua­tre-vingts jours) ou plus tard (Ego-Sys­tème à l’Es­saïon en juin 2020), et pas seule­ment à Paris (South Pacif­ic à Toulon, The Paja­ma Game à Lyon), des pro­jets qui font déjà rêver (Star­ma­nia mis en scène par Thomas Jol­ly et choré­graphié par Sidi Lar­bi Cherkaoui à la Seine musi­cale en 2020)…

Hors ces titres qui font l’ac­tu­al­ité, on goû­tait sans retenue aux plaisirs de ré-enten­dre une tranche de Hair par Fabi­an Richard, de décou­vrir l’arrange­ment pour trio à cordes à vous don­ner la chair de poule qu’a fait Thier­ry Boulanger de « Le monde est stone » chan­té par Sarah Manesse, de retrou­ver la voix chaude d’Anand­ha Seetha­nen, entourée des cla­que­ttes de Mark Nadler et Maxime de Tole­do, con­clu­ant l’émis­sion par un « 42nd Street » endi­a­blé… et de fon­dre lit­térale­ment en enten­dant cette chan­son inédite com­posée par Michel Legrand, « I Haven’t Thought of This in Quite a While », inter­prétée par une trou­blante Melis­sa Erri­co touchée par la grâce de l’instant.

Alors ? À l’an prochain ?

L’in­té­gral­ité du con­cert est à réé­couter sur le site de la « 42e rue » ou à regarder sur le compte Face­book de l’émis­sion.

Lau­rent Valière © Christophe Abramowitz

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