Plus d’un an après que tous les théâtres de New York ont été contraints de baisser le rideau le 12 mars 2020 en réponse à l’épidémie de coronavirus, l’une des plus grandes salles de la ville, le Saint James Theater, a permis à une centaine de spectateurs, tous des représentants de l’industrie du spectacle triés sur le volet et certifiés en bonne santé, d’assister à une séance unique de 36 minutes, mettant en scène deux grands noms du théâtre de Broadway : l’acteur Nathan Lane et le danseur Savion Glover.
Le spectacle, gratuit et sur invitation, était présenté sous l’égide de NY PopsUp, une organisation qui regroupe l’État de New York, les producteurs Scott Rudin et Jane Rosenthal, parmi les plus actifs à Broadway, et le metteur en scène Zack Winokur. Le trio se propose de donner ainsi plusieurs spectacles de courte durée jusqu’au mois d’août. L’Empire State Development, qui contrôle en encourage les initiatives culturelles et économiques de l’État, a mis en réserve la somme de cinq millions et demi de dollars pour financer ces représentations et ainsi permettre à l’industrie théâtrale de reprendre ses activités et de remonter le moral des New-Yorkais, trop longtemps privés d’une source importante de loisirs.
Le choix de Nathan Lane était particulièrement judicieux. Vedette de nombreuses pièces et comédies musicales, dont notamment A Funny Thing Happened on the Way to the Forum (Le Forum en folie), Guys and Dolls (Blanches colombes et vilains messieurs) et The Producers de Mel Brooks, il est l’un des grands noms de Broadway et, plus que tout autre, le représentant idéal de l’industrie du spectacle. Sa prestation d’une quinzaine de minutes consistait uniquement en un monologue hilarant écrit spécialement pour lui dans lequel il incarnait un spectateur féru de théâtre qui rêve que les grandes vedettes de la scène lui rendent visite dans son appartement, en se réclamant d’œuvres pour lesquelles d’autres acteurs, également présents, s’imaginent être les interprètes rêvés.
Dans une interview après le spectacle, Lane devait déclarer au New York Times : « Nous venons de faire des petits pas vers une reprise de nos activités. C’était une façon comme une autre d’affirmer que nous sommes sur le chemin du retour. »
Quant à Savion Glover, extraordinaire danseur de claquettes, il allait une fois de plus démontrer la supériorité de sa technique dans des mouvements de danse improvisés sur des chansons extraites de comédies musicales qui l’avaient inspiré à poursuivre une carrière dans le théâtre, parmi lesquelles A Chorus Line, The Tap Dance Kid, Dreamgirls, 42nd Street et West Side Story.
A la fin du spectacle, Charlotte St. Martin, présidente de la Ligue des Théâtres de Broadway, devait déclarer : « Je n’ai pas de boule de cristal – personne n’en a – mais des spectacles doivent reprendre en septembre, en octobre et en novembre, et les représentations que le Pops Up a organisées devraient être d’une grande aide dans ce sens-là, notamment pour les services sanitaires qui devraient ainsi se rendre compte de ce que les théâtres vont faire et, nous l’espérons, de nous donner le feu vert pour les rouvrir à cent pour cent. C’est également une belle occasion de rappeler à toutes et à tous l’importance des théâtres et ce qui rend New York si unique en son genre… »