Vous nous aviez parlé en 2019 des cinq mélodies offertes par Roland Romanelli lors de votre concert au Théâtre des Champs-Élysées, comment ces titres ont-ils évolué ?
La toute première mélodie s’est transformée en une chanson qui s’appelle « Le Tout Petit Avion », que j’ai interprétée pour la première fois au Théâtre des Champs-Élysées, et qui est sur mon album Oh Là Là ! Les quatre autres sont devenues : « Digne », « Les Instants divins », « Dream Song » et « Pas d’âge ». Quatre chansons génératrices de merveilleux moments d’échange, de complicité et de liberté artistique qui sont devenus album.
Comment se déroule le travail à quatre mains avec Roland Romanelli ?
Exigeant et festif ! J’ai énormément appris grâce à Roland. Après la « mise en mots » des mélodies offertes, j’ai osé lui montrer trois chansons dont j’avais écrit textes et mélodies et qu’il s’est empressé d’harmoniser à ma plus grande surprise (j’avais un trac fou !). Ensuite, nous avons travaillé autour du piano, je lui ai lu des textes que j’avais écrits et nous avons improvisé, Roland proposant des couleurs/harmonies que lui inspiraient mes textes et moi, imaginant des mélodies à partir de ses harmonies… Plusieurs chansons sont nées comme ça, de manière totalement spontanée, comme une partie de ping-pong musical.
Après cette période de jeu, nous sommes partis chacun de notre côté pour peaufiner, affiner, nous préparer… Puis, nous nous sommes enfermés dans le studio de Roland pour enregistrer en piano-voix le fruit de nos échanges. Roland a ensuite pris la main pour réaliser les arrangements et enregistrer les musiciens sur nos piano-voix. Cela a été particulièrement émouvant pour moi de découvrir les ambiances, les sons, les couleurs dont Roland avait enveloppé nos chansons, ses sublimes improvisations à l’accordéon ou à l’accordina, le talent et l’inventivité des musiciens dont il s’est entouré… Et, nous nous sommes retrouvés parents de dix-sept chansons !
Qu’est-ce qui vous a peut-être le plus surprise ?
Je crois que ce qui m’a le plus étonnée c’est la liberté et la simplicité avec lesquelles les choses se sont faites, comme une évidence. Une envie commune et impérieuse de créer sans s’inquiéter de la suite.
Il semblerait presque que vous soyez assise sur la « yellow brick road » du Magicien d’Oz sur votre affiche. Comment se porte votre passion pour Judy Garland ?
Tout à fait, je suis assise sur ma yellow brick road à moi ! Cette expérience a été l’occasion d’un voyage inattendu et salvateur à travers des souvenirs d’enfance, d’adolescence, lieux, personnes, inspirations… L’opportunité de réaliser que le chemin parcouru n’avait existé que par ma marche, un pas après l’autre, même lent, minuscule ou hésitant en direction de mes rêves et que, sur le chemin, il y avait des rencontres fantastiques, comme Roland ! Quant à ma passion pour Judy Garland, elle est intacte, constante. Je retourne toujours vers ce petit bout de bonne femme extraordinaire en cas de doutes, de coups de blues. Sa voix, son humour m’insufflent l’énergie d’aller de l’avant. Une étoile et moi reste l’une de mes plus belles expériences artistiques et humaines.
Pourquoi est-ce important de se « hâter lentement » et dans quelle mesure votre album l’encourage-t-il ?
J’ai une conscience très aiguë du temps depuis mon passage, enfant, à l’hôpital Necker. Temps, tempo, timing… La sensation que la vie file à une vitesse impressionnante, qu’elle est fragile et qu’il ne faut pas perdre une seconde mais j’ai également une petite voix qui me souffle : « Rien ne sert de courir. » Même si nous sommes dans un monde où tout va décidément de plus en plus vite, j’ai compris qu’une maturation pouvait être lente comme celle d’un bon vin de Bordeaux, qu’il ne fallait pas la forcer… Qu’il était bon d’aller de l’avant, avec enthousiasme et énergie, tout en prenant le temps, en l’habitant à son rythme à soi… Comme un musicien qui, improvisant sur un tempo imposé, se permettrait des pauses, des ralentis ou des silences ou interpréterait un morceau joué habituellement up tempo en ballade parce que c’est ce qui est juste pour lui à cet endroit, à ce moment précis de son évolution. Parce que c’est un moyen de se sentir profondément vivant. Dans Hâte-toi lentement, les chansons sont nées de souvenirs devenus fondateurs, de morceaux de vie qui m’ont encouragée à aller au bout de mes rêves tout en savourant le chemin qui m’y emmène. Elles sont une invitation à jouir de chaque pas.
A quand l’écriture d’une comédie musicale ?
C’est fait ! Enfin presque ! Pendant le confinement, j’ai initié un projet de comédie musicale qui s’appelle Le Paradis, l’histoire d’un cabaret qui a connu son heure de gloire durant les années sombres de la guerre et de la Résistance. Le livret est signé Daniel Colas et j’ai écrit la musique. La première lecture a eu lieu au Théâtre La Bruyère le 9 mars 2021, à suivre…