Hâtez-vous lentement avec Isabelle Georges

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Inutile de présenter Isabelle Georges, femme aux multiples talents. Afin de découvrir son nouvel album, elle vous donne rendez-vous le 9 novembre prochain à l'Européen. Qu'on se le dise !

Vous nous aviez par­lé en 2019 des cinq mélodies offertes par Roland Romanel­li lors de votre con­cert au Théâtre des Champs-Élysées, com­ment ces titres ont-ils évolué ?

La toute pre­mière mélodie s’est trans­for­mée en une chan­son qui s’appelle « Le Tout Petit Avion », que j’ai inter­prétée pour la pre­mière fois au Théâtre des Champs-Élysées, et qui est sur mon album Oh Là Là ! Les qua­tre autres sont dev­enues : « Digne », « Les Instants divins », « Dream Song » et « Pas d’âge ». Qua­tre chan­sons généra­tri­ces de mer­veilleux moments d’échange, de com­plic­ité et de lib­erté artis­tique qui sont devenus album.

Com­ment se déroule le tra­vail à qua­tre mains avec Roland Romanelli ? 

Exigeant et fes­tif ! J’ai énor­mé­ment appris grâce à Roland. Après la « mise en mots » des mélodies offertes, j’ai osé lui mon­tr­er trois chan­sons dont j’avais écrit textes et mélodies et qu’il s’est empressé d’harmoniser à ma plus grande sur­prise (j’avais un trac fou !). Ensuite, nous avons tra­vail­lé autour du piano, je lui ai lu des textes que j’avais écrits et nous avons impro­visé, Roland pro­posant des couleurs/harmonies que lui inspi­raient mes textes et moi, imag­i­nant des mélodies à par­tir de ses har­monies… Plusieurs chan­sons sont nées comme ça, de manière totale­ment spon­tanée, comme une par­tie de ping-pong musical.

Après cette péri­ode de jeu, nous sommes par­tis cha­cun de notre côté pour peaufin­er, affin­er, nous pré­par­er… Puis, nous nous sommes enfer­més dans le stu­dio de Roland pour enreg­istr­er en piano-voix le fruit de nos échanges. Roland a ensuite pris la main pour réalis­er les arrange­ments et enreg­istr­er les musi­ciens sur nos piano-voix. Cela a été par­ti­c­ulière­ment émou­vant pour moi de décou­vrir les ambiances, les sons, les couleurs dont Roland avait envelop­pé nos chan­sons, ses sub­limes impro­vi­sa­tions à l’accordéon ou à l’accordina, le tal­ent et l’inventivité des musi­ciens dont il s’est entouré… Et, nous nous sommes retrou­vés par­ents de dix-sept chansons !

Qu’est-ce qui vous a peut-être le plus surprise ?

Je crois que ce qui m’a le plus éton­née c’est la lib­erté et la sim­plic­ité avec lesquelles les choses se sont faites, comme une évi­dence. Une envie com­mune et impérieuse de créer sans s’inquiéter de la suite.

Il sem­blerait presque que vous soyez assise sur la « yel­low brick road » du Magi­cien d’Oz sur votre affiche. Com­ment se porte votre pas­sion pour Judy Garland ?

Tout à fait, je suis assise sur ma yel­low brick road à moi ! Cette expéri­ence a été l’occasion d’un voy­age inat­ten­du et sal­va­teur à tra­vers des sou­venirs d’enfance, d’adolescence, lieux, per­son­nes, inspi­ra­tions… L’opportunité de réalis­er que le chemin par­cou­ru n’avait existé que par ma marche, un pas après l’autre, même lent, minus­cule ou hési­tant en direc­tion de mes rêves et que, sur le chemin, il y avait des ren­con­tres fan­tas­tiques, comme Roland ! Quant à ma pas­sion pour Judy Gar­land, elle est intacte, con­stante. Je retourne tou­jours vers ce petit bout de bonne femme extra­or­di­naire en cas de doutes, de coups de blues. Sa voix, son humour m’insufflent l’énergie d’aller de l’avant. Une étoile et moi reste l’une de mes plus belles expéri­ences artis­tiques et humaines.

Pourquoi est-ce impor­tant de se « hâter lente­ment » et dans quelle mesure votre album l’encourage-t-il ?

J’ai une con­science très aiguë du temps depuis mon pas­sage, enfant, à l’hôpital Neck­er. Temps, tem­po, tim­ing… La sen­sa­tion que la vie file à une vitesse impres­sion­nante, qu’elle est frag­ile et qu’il ne faut pas per­dre une sec­onde mais j’ai égale­ment une petite voix qui me souf­fle : « Rien ne sert de courir. » Même si nous sommes dans un monde où tout va décidé­ment de plus en plus vite, j’ai com­pris qu’une mat­u­ra­tion pou­vait être lente comme celle d’un bon vin de Bor­deaux, qu’il ne fal­lait pas la forcer… Qu’il était bon d’aller de l’avant, avec ent­hou­si­asme et énergie, tout en prenant le temps, en l’habitant à son rythme à soi… Comme un musi­cien qui, impro­visant sur un tem­po imposé, se per­me­t­trait des paus­es, des ralen­tis ou des silences ou inter­préterait un morceau joué habituelle­ment up tem­po en bal­lade parce que c’est ce qui est juste pour lui à cet endroit, à ce moment pré­cis de son évo­lu­tion. Parce que c’est un moyen de se sen­tir pro­fondé­ment vivant. Dans Hâte-toi lente­ment, les chan­sons sont nées de sou­venirs devenus fon­da­teurs, de morceaux de vie qui m’ont encour­agée à aller au bout de mes rêves tout en savourant le chemin qui m’y emmène. Elles sont une invi­ta­tion à jouir de chaque pas.

A quand l’écri­t­ure d’une comédie musicale ?

C’est fait ! Enfin presque ! Pen­dant le con­fine­ment, j’ai ini­tié un pro­jet de comédie musi­cale qui s’appelle Le Par­adis, l’histoire d’un cabaret qui a con­nu son heure de gloire durant les années som­bres de la guerre et de la Résis­tance. Le livret est signé Daniel Colas et j’ai écrit la musique. La pre­mière lec­ture a eu lieu au Théâtre La Bruyère le 9 mars 2021, à suivre…

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