Depuis le 24 juin 2022, en écho à la Semaine des fiertés, Disney+ propose la captation d’un musical off-Broadway enregistré le 14 janvier dernier et adapté d’un court-métrage éponyme qui reçu un Oscar en 1995. Trevor est un adolescent qui grandit dans les années 80 dans une famille assez stricte. Ses parents ne jurent que par la télévision, sa mère est particulièrement traumatisée par la tentative d’assassinat subi par Ronald Reagan. Trevor, garçon jovial, est, lui, un fan absolu de Diana Ross dont il connaît le répertoire par cœur. Les chansons rythment sa vie, l’inspirent et lui insufflent le courage de tenter de réaliser son rêve, celui de devenir un artiste – si possible célèbre. Une première étape pourrait consister en mettant en scène les garçons pour le traditionnel spectacle du lycée. En effet, ces derniers sont tous les ans affublés de tutus roses et lui aimerait donner une note plus glamour à l’ensemble, en chorégraphiant un numéro avec cannes et chapeaux. Cela lui permettrait en outre d’être encore plus proche de Pinky Farraday, camarade dont il est secrètement amoureux.
Tel est le nœud du spectacle : Trevor est un garçon différent. Cela ne lui pose aucun problème, si ce n’est que les normes sociales, les attitudes de ses camarades – de doux dingue qui le considèreront comme un sous-humain dès lors qu’ils auront découvert son homosexualité – lui feront vivre un enfer. Et cet enfer le conduira jusqu’à accomplir un geste qui aurait pu lui être fatal. Que l’on se rassure : si la gravité du propos est bien là, un humour constant permet au spectateur de ressentir une profonde empathie pour le personnage central, sans misérabilisme. Il faut à ce stade saluer la prestation extraordinaire de Holden William Hagelberger qui, dans le rôle-titre, se révèle irrésistible. Le reste du casting est de ce niveau : excellent. En outre ce spectacle off-Broadway jouit d’une mise en scène enlevée, le rythme ne faiblit jamais. L’aventure de Trevor, même située dans les années 80, résonne encore fortement avec celle que connaissent les jeunes filles et jeunes gens différents un peu partout dans le monde. L’acceptation de soi, les tiraillements liés à l’adolescence, le souhait de vouloir être accepté par ses parents, par les autres, restent des thèmes majeurs qui, traités de la sorte, pourront sans nul doute avoir un impact sur les jeunes spectatrices et spectateurs. À l’heure où les États-Unis, par la décision de sa Cour suprême de révoquer le droit à l’IVG, menacent de s’enfoncer dans un obscurantisme épouvantable, des œuvres comme Trevor deviennent essentielles.