Into the Woods

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St. James Theatre – 246 West 44th Street.
Du 10 juillet au 16 octobre 2022. Previews : du 28 juin au 9 juillet 2022. Prolongations jusqu'au 8 janvier 2023.
Renseignements sur le site du spectacle.

Mal­heureuse­ment Stephen Sond­heim nous a quit­tés mais il est tou­jours présent, du moins à l’affiche. Une nou­velle ver­sion de l’un de ses plus gros suc­cès, Into the Woods s’in­stalle pour une péri­ode de huit semaines au St. James The­atre, l’une des plus belles salles de Broad­way. Ce spec­ta­cle lance, d’une cer­taine manière, le ban de la sai­son de Broad­way 2022/2023.

Créée en 1987, la comédie musi­cale écrite en col­lab­o­ra­tion avec James Lap­ine, qui avait égale­ment conçu le livret de Sun­day in the Park with George deux ans plus tôt, s’inspire des con­tes des frères Grimm tout en leur don­nant une saveur par­ti­c­ulière que leurs auteurs n’avaient sans doute pas imag­inée au départ. En les por­tant à la scène sur une musique sophis­tiquée et claire­ment amusée, Sond­heim et Lap­ine ont choisi plusieurs fables qui ont bercé notre enfance – Cen­drillon, le Petit Chap­er­on rouge, Raiponce, Jack et le Hari­cot mag­ique, Blanche-Neige –, les ont mélangées en un seul con­te et y ont ajouté quelques autres his­toires de leur pro­pre cru, le tout servi avec des accents plus mod­ernes et adultes d’esprit.

Les prin­ci­paux per­son­nages de ces fables se trou­vent intime­ment liés dans le livret dévelop­pé par Lap­ine, dans lequel un boulanger sans enfant et sa femme sont con­fron­tés à une sor­cière hargneuse qui, pour se venger du larcin com­mis par le père du boulanger (qui lui aurait volé sept hari­cots qu’elle pré­tend être mag­iques) exige du cou­ple, s’ils désirent avoir un enfant, de lui don­ner « une vache blanche comme le lait, une cape rouge comme le sang, une tresse jaune comme du blé et une pan­tou­fle de verre pur comme de l’or ».  Entretemps, Jack, sur les con­seils de sa mère, va au marché ven­dre sa vache, Milky Way, deux Princes tombent respec­tive­ment amoureux de Cen­drillon, que sa marâtre et ses belles-sœurs ne veu­lent pas emmen­er au bal roy­al, et de Raiponce, retenue pris­on­nière dans une tour par la sor­cière, tan­dis que le Petit Chap­er­on rouge prend des leçons de matu­rité avec le Loup quand elle tra­verse le bois pour aller voir sa grand-mère. Tout est bien qui finit bien au terme du pre­mier acte… jusqu’à ce que la femme du Géant descende le long du hari­cot grim­pant pour venger la mort de son mari causée par Jack.

Même si la pièce sem­blait au départ une amusette de la part des deux parte­naires, prenant leurs ais­es après le ton sérieux adop­té dans Sun­day in the Park with George, elle con­te­nait des moments de choix qui allaient séduire les cri­tiques et les spec­ta­teurs, et notam­ment des chan­sons qui sont restées au pina­cle des com­po­si­tions écrites par Sond­heim telles que « No More », « No One Is Alone » et « Chil­dren Will Lis­ten ». Elle fit ses débuts le 5 novem­bre 1987 et res­ta à l’affiche pen­dant deux ans, total­isant 764 représen­ta­tions. Autre signe de son suc­cès : la pro­duc­tion actuelle en est sa troisième reprise.

Dans une mise en scène impec­ca­ble signée Lear deBessonet et une choré­gra­phie pleine de charme due à Lorin Latar­ro, cette nou­velle ver­sion a été présen­tée en mars dans le cadre du pro­gramme Encores! au New York City Cen­ter, un théâtre spé­cial­isé dans les repris­es de comédies musi­cales à suc­cès pour une durée d’une à deux semaines. L’accueil reçu par cette présen­ta­tion allait jus­ti­fi­er son trans­fert dans une salle con­ven­tion­nelle de Broad­way un peu comme Chica­go en son temps.

Il faut recon­naître que tous les moyens ont été mis en œuvre pour en faire une pro­duc­tion de choix, même si ce n’est que pour huit semaines. Tout ce qui avait con­tribué à son suc­cès au City Cen­ter a été remanié afin de lui don­ner le relief néces­saire pour attir­er les foules. La dis­tri­b­u­tion compte plusieurs têtes d’affiche, dont Sara Bareilles, bien con­nue pour Wait­ress, la comédie musi­cale dont elle a signé paroles et musiques, égale­ment à l’affiche depuis 2016, dans le rôle de la femme du boulanger ; Bri­an d’Arcy James, une autre vedette célèbre de Broad­way, dans celui de son époux ; Pati­na Miller, qui avait été fort remar­quée dans une reprise de Pip­pin il y a huit ans, sous les traits de la Sor­cière ; et Philli­pa Soo en Cen­drillon séduisante.

Par­mi les autres mem­bres dans une dis­tri­b­u­tion qui fait mouche, il con­vient de men­tion­ner Julia Lester, qui fait ses débuts à Broad­way dans le rôle du Petit Chap­er­on rouge ; David Patrick Kel­ly en Con­teur ; Brooke Ishibashi et Ta’nika Gib­son, dans les rôles de Florin­da et de Lucin­da, les belles-sœurs de Cen­drillon ; Cole Thomp­son dans celui de Jack ; Alysia Velez en Raiponce ; et surtout Gavin Creel et Joshua Hen­ry, les deux Princes, dont les atti­tudes exagérées soulig­nent l’humour per­ma­nent dans le traite­ment de cette version.

Mais ce qui retient surtout l’attention, c’est l’imagination qui a présidé à la créa­tion de cer­tains aspects de cette reprise, et notam­ment les « poupées » créées par James Ortiz, dont Milky White, la vache de Jack, ani­mée par Kennedy Kana­gawa, et les pieds du géant de l’histoire de Jack, égale­ment ani­més par deux acteurs non crédités. S’ajoutent à cela les décors sim­ples mais effi­caces de David Rock­well, les cos­tumes d’Andrea Hood, et les effets sonores imag­inés par Scott Lehrer, qui tous con­tribuent à faire de cette pro­duc­tion un spec­ta­cle musi­cale qui capte l’attention par sa fraîcheur et l’humour qui en émane.

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