Après avoir étudié la stylistique theatre jazz à New York, Sixtine a participé à la création de chorégraphies pour l’émission « Danse avec les Stars ». Elle est également l’une des quatre artistes à l’origine de la création de la compagnie Misty Dance Theater. Basée à Paris, la compagnie a pour ambition de valoriser le theater jazz, ce style chorégraphique créé à Broadway dans lequel la danse se mélange à la fiction, le mouvement sert à raconter une histoire et le corps sublime les émotions.
En 2022, Sixtine rejoint le premier cast de Moulin Rouge! à Cologne, elle nous raconte son expérience dans ce qu’elle appelle son « dream job ».
Comment va le corps ?
Les courbatures sont là, mais c’est normal. Les pieds sont également douloureux, même si la production nous fournit des LaDuca de répétition (LaDuca est une marque de chaussures de scène fournissant les grandes productions de Broadway et du West End). C’est très agréable d’avoir sa propre paire rien que pour répéter, mais il faut les faire. Donc on a un peu mal aux pieds.
Malgré cela, la production est consciente que ce spectacle demande beaucoup d’engagement corporel. C’est pourquoi ils prennent souvent note de nos besoins, notre habileté à faire certains portés, etc. Nous avons aussi des médecins du sport qui viennent régulièrement nous soigner si besoin. À ce propos, un jour, après une longue journée de répétitions, la chorégraphe associée a pris à part les danseuses et nous a confié que ce spectacle était très exigeant pour nos corps, plus que pour les danseurs. Elle nous a demandé de faire très attention à nous. Mais, après avoir terminé la mise en place de l’acte deux, et particulièrement en ayant travaillé les portés des numéros « Roxanne » et « Bad Romance », je trouve que les danseurs ont eux aussi intérêt à prendre soin de leurs corps (rires).
En comparaison du premier jour, comment se sent-on après six semaines de répétitions ?
Mon sentiment est de me sentir beaucoup moins débordée. La première semaine, il fallait apprendre nos voix, nos harmonies — pas toujours dans une langue que l’on maîtrise bien — tout en étant disponible pour ingurgiter une charge conséquente d’un vocabulaire de mouvements atypiques. Aujourd’hui je me sens plus à l’aise, nous avançons vite, tout en prenant le temps de travailler sur des détails. C’est très intéressant et beaucoup plus agréable.
Un moment marquant ?
Oui, la première lecture complète du spectacle. En répétition, l’ensemble travaille les chorégraphies d’un côté et les comédiens répètent de l’autre. Lorsque l’on a pu tout mettre en commun, ça a été un moment fort en émotion — j’étais loin d’être la seule à pleurer — et on a pu enfin se rendre compte de l’histoire que l’on allait raconter ensemble. Et puis, il y a quelques jours, Baz Luhrmann — réalisateur des films Moulin Rouge! et Elvis — a débarqué dans les studios de répétition pour nous rencontrer. Là aussi, moment marquant.
Une déception ?
C’est difficile de trouver quelque chose à redire… Je rêvais de faire ce spectacle avant même qu’il n’existe de version sur scène. Bon, j’avoue ressentir une légère frustration avec la traduction allemande de certaines chansons mythiques. Mais nous ne sommes même pas sûrs que cela va rester. L’équipe créative travaille au jour le jour pour trouver l’harmonie nécessaire entre les deux langues, donc rien n’est encore perdu (rires).
Les previews débutent ce 18 octobre. Cologne n’est qu’à quelques heures de train… Pourquoi hésiter ?