À la suite d’un événement dont elle ne se souvient pas, Elisa se réveille prisonnière de son subconscient. Elle doit alors se confronter à son passé pour reprendre le
contrôle de sa vie.
Memoriam est une pièce mêlant théâtre et danse qui plonge le spectateur dans un univers onirique, au cœur du fonctionnement de la mémoire.
Ce voyage introspectif interroge le lien entre la construction de notre identité et nos souvenirs.
Notre avis : Alors même que la traditionnelle annonce pour les téléphones portables retentit, le spectateur est happé par l’univers particulier que propose Manon Bianchi. Immédiatement plongé dans ce voyage au cœur de l’inconscient d’Élisa, c’est avec beaucoup de curiosité que sont découverts les premiers instants du spectacle, un peu flous et déroutants mais non sans intérêt. L’attention est captée par ces personnages qui nouent un lien surprenant, les décors apportent le réalisme nécessaire à l’immersion dans cet univers.
L’histoire avance et c’est une pièce en deux teintes que l’on découvre. D’une part, les souvenirs du personnage principal nous sont proposés de manière chorégraphiée – un excellent parti pris, d’une pertinence et d’une réalisation qui frôle la perfection. Dans l’intensité des mouvements, comme dans l’énergie et dans la qualité des chorégraphies, tout y est, et tout semble limpide alors qu’aucun mot n’est prononcé. C’est la vraie force de cette œuvre et le travail de Céline Thicot mérite d’être salué comme il se doit. De même que celui des compositeurs, Jérôme Lemonnier, Étienne Bianchi et Paul Prevel, qui nous offrent une trame musicale sur laquelle ce talent peut s’exprimer avec brio.
À l’image du personnage d’Élisa qui est à la frontière entre le réel et l’imaginaire, le public se retrouve dans une sorte d’entre-deux, par exemple lorsque les textes sont soudainement enregistrés et où les comédiens dansent sur leurs dialogues, contrairement au reste du spectacle. Ou encore, avec la musique qui est à la fois sonorisée mais aussi présente en live avec un violoncelle sur scène. C’est une subtilité innovante et une sensation assez étonnante en tant que spectateur d’être dans cette situation, un peu comme si nous plongeions nous aussi dans notre inconscient en quelque sorte. C’est une belle proposition, même si par moment on aurait souhaité ne pas ressentir cet entre-deux…
Car lorsque l’histoire à proprement parler reprend, on regrette que l’exigence et le soin apportés à la scénographie et aux chorégraphies ne se retrouvent pas dans l’écriture et dans la construction de la trame dramaturgique. Le choix est fait, parfois, d’apporter de l’humour ou un style plus léger et quotidien dans le texte et cela déconstruit quelque peu l’univers, la subtilité et la qualité que le spectateur trouve dans le reste du spectacle.
Pour plusieurs raisons, ce spectacle vaut le détour, sans aucun doute, pour l’originalité du sujet abordé, la mise en scène, l’inspiration ou, comme évoqué plus haut, pour les chorégraphies et leur fine exécution. Néanmoins certains ajustements permettraient d’effacer la légère frustration ressentie.