Il y a des personnages qui, laissés dans les pages des romans, ne demandent qu’à revivre. C’est le cas de Jacob Hutner que l’on a vu avec ses parents dans un chapitre d’Heureux les heureux de Yasmina Reza qui mélange avec son style singulier mélancolie et humour.
Dans James Brown mettait des bigoudis, Jacob est maintenant dans une maison de repos. Un établissement, on ne sait pas où, mais au milieu d’une nature ordonnée et impavide. Il s’y est fait un ami, Philippe. De même que Jacob se vit en Céline Dion ou voudrait être la chanteuse, Philippe est un homme blanc qui s’identifie comme noir ou voudrait être noir.
On ne connaît pas leur degré de déraison, ni même si déraison il y a. De quoi sommes-nous construits ? De qui sommes-nous faits ? On dit qu’aucun être humain ne se construit sans projection et sans modèle. La psychiatre à qui les parents Hutner ont confié leur fils ne cherche pas à ramener les patients à leur définition d’origine. Elle s’emploie à les harmoniser, les rendre aptes à assumer leur émancipation.
Après Anne-Marie la Beauté présenté en 2021 à La Colline, Yasmina Reza propose, avec cette création, une fantaisie au sens musical du terme sur l’identité ou la différence – comme on voudra.