Au cœur d’un paysage sauvage et montagneux règnent les terribles Brigands de la bande de Falsacappa, qui n’ont rien à craindre des carabiniers dont la principale qualité est d’arriver « toujours trop tard ». Mais les affaires vont mal et il est urgent que Falsacappa et son fidèle mentor Pietro trouvent une idée pour renflouer leurs caisses. Les Brigands, présenté en septembre 1869, est le dernier grand succès d’Offenbach avant la guerre franco-prussienne de 1870, dont le « bruit de bottes » résonne déjà dans le fameux chœur des Carabiniers. C’est un véritable monde à l’envers, qui malmène autant la géographie que les convenances, où le brigandage fait loi et l’armée de la figuration, et où l’argent ne fait même plus le bonheur !
Notre avis : Les Tréteaux Lyriques rassemblent des amateurs passionnés qui présentent tous les deux ans des opérettes françaises dans de grandes salles parisiennes. Encadrés par des professionnels, ils mettent tout leur cœur au service d’un spectacle total – chant, théâtre, danse – où bonne humeur rime avec exigence. On imagine en effet la somme des répétitions pour arriver à un spectacle aussi abouti dans sa mise en place vocale – principalement sous la houlette de la cheffe de chœur Charlotte Dentzer. Sans parler de la fabrication des nombreux et magnifiques costumes.
Cette histoire de brigands pas bien dégourdis donne surtout l’occasion d’assister à des situations cocasses et truculentes portées par des rythmes énergiques et des paroles entêtantes caractéristiques d’Offenbach et de ses librettistes. Comme il est de coutume avec ce répertoire léger, l’équipe de création a glissé ici et là quelques gags et clins d’œil à notre modernité qui font mouche.
Vocalement, la distribution est dominée par le timbre sonore et velouté du baryton Didier Chalu, qui endosse les habits du chef de bande Falsacappa. L’orchestre d’une quinzaine de musiciens dirigés par Laurent Goossaert fait vibrer la partition tonique du Petit Mozart des Champs-Elysées. La mise en scène efficace et précise d’Yves Coudray et les chorégraphies d’ensembles dynamiques, variées et bien réglées par Francesca Bonato animent très agréablement une soirée placée sous le signe de l’humour, de la belle musique… et de la solidarité, puisque Les Tréteaux Lyriques jouent au profit d’associations caritatives.