Barbie

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Au cinéma à partir du 19 juillet 2023.
Renseignements sur la page d'Allo Ciné.

Notre avis : À Bar­bie Land, tout va pour le mieux dans le meilleur des mon­des : les Bar­bi­es baig­nent dans un bon­heur inébran­lable entre respon­s­abil­ités socié­tales (la prési­dente, la Cour suprême, les tra­vailleuses, la doc­teure, la prix Nobel…) et plaisirs soci­aux (les soirées pyja­ma entre filles, les sor­ties à la plage) jusqu’au jour où Bar­bie Stéréo­typée – com­pren­dre : la blonde par­faite à la plas­tique idéale, jouée par Mar­got Rob­bie – se met à avoir des pen­sées mor­bides, les pieds plats et… de la cel­lulite ! Beurk. Som­mée par Bar­bie Bizarre d’aller dans le Vrai Monde pour retrou­ver la petite fille mal­heureuse qui est à l’o­rig­ine de son mal-être et ain­si col­mater la faille entre les deux univers, Bar­bie se retrou­ve à Los Ange­les. Et c’est là que ça devient intéres­sant, surtout que Ken (Ryan Gosling), qui ne se sent exis­ter que quand Bar­bie daigne la regarder, s’est invité dans l’aventure.

Le rose bon­bon qui pré­domine est trompeur : le film n’a rien de puéril et s’adresse claire­ment à un pub­lic aver­ti, sinon adulte. La ques­tion de la place de la femme – et de l’homme – dans la société se retrou­ve au cen­tre de l’ac­tion. Patri­ar­cat, guerre des sex­es… et une inter­ro­ga­tion légitime se trou­ve claire­ment énon­cée : la poupée Bar­bie, avec ses men­su­ra­tions irréal­istes de femme-objet-de-désir, fait-elle régress­er la cause fémin­iste ou bien, par ses mul­ti­ples décli­naisons, inspire-t-elle les petites filles et les con­duit-elle à s’é­manciper ? S’a­joutent col­latérale­ment d’autres sujets : la rela­tion mère-fille, le désir d’en­fant, la sexualité…

La réal­isatrice Gre­ta Ger­wig, qui sig­nait en 2019 une adap­ta­tion très sub­tile des Qua­tre Filles du doc­teur March, traite de ces thèmes sérieux non sans finesse et avec beau­coup d’hu­mour. La nar­ra­tion pince-sans-rire de Helen Mir­ren, les nom­breux clins d’œil, l’au­todéri­sion per­ma­nente, l’at­mo­sphère décon­trac­tée voire déjan­tée et l’esthé­tique hyper-col­orée des décors et des cos­tumes séduisent un pub­lic con­va­in­cu d’a­vance. Mais le fond de la ques­tion n’est pas esquivé, et Bar­bie se retrou­ve bien embar­rassée pour trou­ver une solu­tion sat­is­faisante à un prob­lème qui ne date pas d’hi­er – comme le rap­pelle le pro­logue par­o­dique inspiré de 2001 : l’Odyssée de l’e­space.

La musique orig­i­nale com­posée par Mark Ron­son et Andrew Wyatt (A Star Is Born avec Lady Gaga), dont un irré­sistible « Dance the Night » au charme dis­co 👇 et une chan­son fausse­ment testostéronée inter­prétée par le tou­jours sémil­lant Ryan Gosling (La La Land) 👇👇, quelques repris­es (dont l’im­marcesci­ble « Girls Just Wan­na Have Fun » et une inser­tion inévitable du tube d’Aqua), des choré­gra­phies bien placées… et on pour­rait se croire dans une comédie musi­cale ! D’ailleurs, les références à des œuvres bien con­nues ne man­quent pas.

Alors, bien sûr, il y a une logique finan­cière der­rière tout ça – et c’est assumé dans le film, sans détour – car, avec les pro­duits dérivés, Mat­tel s’en met déjà plein les fouilles. Mais le film Bar­bie vaut mieux que du  diver­tisse­ment aux couleurs pas­tel : il inter­pelle, gen­ti­ment mais clairement.

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