Fuck Me

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Lycée Jacques Decour – 12, avenue Trudaine, 75009 Paris.
Les 19, 20, 21 et 22 juillet 2023 à 22h.
Renseignements et réservations sur le site du festival Paris l'été.

Atten­tion : le phénomène Mari­na Otero débar­que au Lycée Jacques Decour ! « Je m’imaginais que j’allais tou­jours occu­per le devant de la scène, à l’instar d’une héroïne qui se vengerait de tous et de tout. Mais mon corps n’a pas suivi face à de telles batailles. Aujourd’hui, je cède ma place aux inter­prètes. Je vais les observ­er prêter leurs corps à ma cause narcissique. »

Les inter­prètes dont par­le Mari­na Otero sont des hommes. Cinq danseurs qui l’entourent et don­nent tout, jusqu’à se dénud­er entière­ment dans un mou­ve­ment de générosité explo­sive et auda­cieuse. Choré­graphe, danseuse et per­formeuse, icône de la scène alter­na­tive argen­tine, Mari­na Otero pour­suit, avec Fuck Me, la con­struc­tion d’une œuvre sans fin sur sa pro­pre exis­tence. Une œuvre qui appuie ses recherch­es sur un « je » conçu comme l’un des matéri­aux de base du plateau, sur le trav­es­tisse­ment du réel et la trans­for­ma­tion de l’ego en acte d’abandon à l’autre.

Repous­sant les fron­tières qui sépar­ent doc­u­men­taire et fic­tion, danse et per­for­mance, acci­dent et représen­ta­tion, Fuck Me aus­culte, dans une danse à l’extrême viril­ité, la notion de temps qui passe et les stig­mates qu’en con­serve le corps. Jamais le présent n’aura sem­blé si proche de vain­cre les résur­gences du passé. Un spec­ta­cle d’une sincérité déto­nante et d’une radieuse irrévérence.

Notre avis : On pen­sait voir un spec­ta­cle choré­graphique gen­ti­ment bar­ré, extrav­a­gant et m’as-tu-vu comme savent si bien en pro­duire les choré­graphes contemporain·e·s, on a décou­vert un phénomène. Tout laisse pressen­tir une irrévérence provo­cante ou une dés­in­vol­ture foutraque : la nudité facile, la verdeur du lan­gage, la sex­u­al­i­sa­tion com­plaisante qui con­firme le titre du spec­ta­cle, l’u­til­i­sa­tion de vidéos ama­teurs pro­jetées en fond de scène, les inter­pel­la­tions inopinées depuis le plateau vers la régie… Pour­tant, sous ces aspects gra­tu­its et déroutants, une toile se tisse pro­gres­sive­ment qui agrippe le pub­lic jusqu’à ne plus le lâch­er. L’hu­mour des textes, la poésie des tableaux et la sen­su­al­ité des corps dansants – acro­ba­tiques, per­for­mants, par­fois vio­len­tés – côtoient la peur de la déchéance physique, sous la direc­tion omniprésente d’une Mari­na Otero autori­taire et sou­veraine, qui édi­fie son œuvre dont elle est le cen­tre. On ressort de cette expéri­ence envoûté, avec l’im­pres­sion étrange­ment agréable d’avoir été kid­nap­pé pen­dant une heure et demie… et avec encore dans les oreilles « Yo Te Amo », la chan­son de San­dro, qui hante la soirée 👇

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