Envie d’évasion ? Besoin de vous reconnecter à la vie en musique ? Black Legends vous offre un shoot salvateur de bonnes vibrations soul, gospel, Motown, disco, funk, hip-hop et R&B…
Sur scène, les artistes retracent un siècle de musique afro-américaine à travers 37 tableaux mythiques qui résonnent avec l’histoire. De Cab Calloway à Beyonce, en passant par Ray Charles, Otis Redding, Tina Turner, Aretha Franklin et Whitney Houston. Les tableaux s’enchaînent à un rythme fou, dans un tourbillon de 200 costumes. Les six musiciens sont en transe, les quatorze chanteurs dansent de toute leur âme… Et le public est possédé par le groove. Parce que c’est ça, l’âge d’or de la soul music. Du concentré d’énergie !
Black Legends est le plus bel hommage à la musique afro-américaine, un hymne à l’amour et à la différence. Prenez votre billet pour le Soul Train live…
Notre avis : Quel est donc le propos de ce spectacle ? S’agit-il de retracer l’évolution de la condition des Noirs aux États-Unis d’Amérique ou bien l’évolution de la musique ou peut-être l’évolution des musiciens ? Chaque chanson, introduite par une petite scène poussive d’une banalité déconcertante, semble indiquer au spectateur s’il doit porter son attention sur le sens du texte (chanté en anglais… ce qui est loin d’être accessible à tous) ou bien sur l’interprète original (qui a marqué de son charisme l’histoire de la musique) sans plus d’indication biographique que son nom, ou tout simplement sur la chanson (archiconnue, ayant atteint le sommet des hit-parades) sans vraiment la contextualiser. Il semblerait qu’à trop vouloir aborder de sujets, le spectacle finisse par ne plus rien raconter du tout.
On assiste donc à une compilation de tubes, plutôt agréable, dans une suite chronologique allant des années 1920 jusqu’aux années 2010, sans comprendre le fil narratif qui relie les tableaux les uns aux autres – compilation au demeurant très bien interprétée, dans un décor élégant, avec un formidable orchestre sur scène, ce qui est très appréciable.
Le plaisir serait considérable s’il n’était pas gâché par un public en délire qui s’extasie à chaque fois qu’un chanteur tient une note plus de huit secondes (et ça arrive souvent !), se lève en criant au miracle dès que ça dépasse un la aigu à 110 décibels et applaudit à tout rompre dans les transitions quand un poncif est débité avec force et lamentation. Il semblerait que seule la performance compte. On n’entend plus rien parce que ça hurle en permanence, on ne voit plus rien car la moitié de la salle est debout une chanson sur deux… C’est assez fatigant sur la durée !
C’est d’autant plus dommage que les artistes sur scène donnent tout ce qu’ils ont. Et, si on fait abstraction des petites scènes parlées, ils assurent un tour de chant de qualité, avec des chorégraphies réglées au cordeau et des ensembles particulièrement réussis.
On assiste même à quelques moments de grâce, qui dégagent une forte émotion en alliant le sens du texte et la forme artistique. On retiendra surtout « Free » de Stevie Wonder qui réunit toute la troupe sur scène et la première partie de « No More drama » de Mary J. Blidge, sur laquelle deux danseurs exécutent une chorégraphie particulièrement forte et troublante sur les violences conjugales. Ce magnifique duo est hélas gâché à sa moitié par une interprétation au premier degré, plaintive et larmoyante, dans laquelle on ne voit plus deux danseurs transmettant un message mais deux comédiens cherchant à montrer sur scène combien ils sont capables de bien jouer la souffrance ! C’est lourd et le message est vite oublié.
Concert ? Comédie musicale ? Spectacle militant ? Hommage ? Black Legends est un spectacle inclassable, mais hélas, pas forcément dans le bon sens du terme…