Dans un monde où la distanciation physique est devenue la norme, Sarah se fait aborder dans la rue. Mais cet étrange passant se révèle être bien plus qu’il ne semble. Quel est ce personnage, capable de rendre la pensée audible, de toucher au cœur de l’intime ? Et comment Sarah va-t-elle se révéler à elle-même à son contact ?
Notre avis : Alors que l’ensemble du spectacle vivant s’est retrouvé en stand-by depuis mars dernier, Gabrielle Jourdain et Samuel Sené font preuve d’un véritable coup de maître. En s’inspirant des contraintes sanitaires (distanciation physique, limitation des jauges, rassemblement dans des espaces couverts à éviter…), ils imaginent un nouveau concept de spectacle vivant en plein air à la fois surprenant et révolutionnaire.
C‑Ω-N-T-α-C‑T est une expérience à part entière. Le mystère qui l’entoure plane jusqu’aux premières secondes du spectacle, et c’est un vrai régal. De nombreuses surprises attendent le public tout au long de cette expérience déambulatoire, présentée dans un quartier différent à chaque fois. Grâce à spatialisation sonore remarquable qui requiert le port d’écouteurs, le spectateur se retrouve totalement immergé dans l’imaginaire créé par l’œuvre, si bien que celle-ci devient « invisible » pour les passants. Qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir entendre les pensées des autres ?
Si certains partis pris dramaturgiques peuvent parfois provoquer une certaine confusion pour le spectateur, le choix de la dimension surnaturelle, la finesse et la précision des deux comédiens – en totale symbiose avec la création sonore –, sont à saluer. Si l’objectif était de se réinventer et de traduire les contraintes du moment en opportunités artistiques, C‑Ω-N-T-α-C‑T est un pari réussi à qui l’on souhaite un véritable succès. Et si ce concept original est né de circonstances qui ne sont pas vouées à durer, il a aiguisé notre appétit à tel point qu’on espère ardemment le voir repris plus largement, décliné en de nouvelles histoires, amplifié dans ce qu’il offre comme possibilités d’imagination pour le public.