Chère insaisissable

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1887

Le Lucernaire – 53, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris.
Du 1er mai au 30 juin 2024. Du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 17h30.
Renseignements et réservations sur le site du théâtre.

LE DESTIN D’UNE SCANDALEUSE COURTISANE
Com­ment gag­n­er sa lib­erté de femme dans une société entière­ment corsetée par les hommes ?
Sus­ci­tant fas­ci­na­tion ou mépris, Liane de Pougy (1869–1950), cour­tisane, danseuse et écrivaine, gère sa car­rière galante en femme d’affaires, et croise les grandes fig­ures de la Belle Époque, con­juguant volup­té, cérébral­ité et bisex­u­al­ité tapageuse.
Un chemin joyeux, empreint de désobéis­sance morale, pétil­lant comme du cham­pagne, irrévéren­cieux, mais aus­si engagé, boulever­sant et décalé, comme sa vie de « scan­daleuse », jusqu’à son inat­ten­due recherche de rédemption…
Un hom­mage à une femme en avance sur son temps…
Et peut-être même sur le nôtre.

« Ce n’est pas moi que je vends, c’est du rêve. » Liane de Pougy

Notre avis : Anne-Marie Chas­saigne naît le 2 juil­let 1869 d’un père offici­er de cav­a­lerie et d’une mère issue d’une famille d’origine espag­nole et de tra­di­tion mil­i­taire. Seule fille par­mi qua­tre enfants, elle est envoyée, comme toutes les jeunes filles de son milieu, au cou­vent à Sainte-Anne‑d’Auray. Elle en sor­ti­ra à 17 ans pour être mar­iée à un offici­er de marine, Armand Pourpe, de sept ans son aîné. C’est lorsque son mari sera muté à Mar­seille qu’Anne-Marie prend un amant. Son mari décou­vre cette liai­son et tire un coup de feu. Anne-Marie s’enfuit, s’installe à Paris et fait scan­dale en deman­dant le divorce.

À 19 ans, elle se retrou­ve seule et doit sub­venir à ses besoins… Elle prend donc des cours de danse et com­mence une car­rière de danseuse de cabaret. Liane de Pougy est née. À par­tir de là débute sa vie extra­or­di­naire de demi-mondaine : elle gagne sa lib­erté et gère sa car­rière comme une cheffe d’entreprise. Amie de Sarah Bern­hardt, d’Hen­ri Meil­hac, d’Ed­mond de Goncourt, de Charles de Mac-Mahon et de Mau­rice de Roth­schild, elle devient célèbre, fréquente les plus grands, est cou­verte de bijoux par ses admi­ra­teurs. Après une liai­son avec Natal­ie Clif­ford Bar­ney qui fait scan­dale, elle épousera au som­met de sa car­rière un prince roumain désar­gen­té qui la quit­tera brusque­ment après seize ans de bon­heur. Elle ter­min­era sa vie après avoir retrou­vé la foi et pronon­cé ses vœux. Celle qui s’appelle doré­na­vant sœur Anne-Marie de la Péni­tence mour­ra dans une cham­bre de l’hôtel Carl­ton de Lau­sanne trans­for­mée en cel­lule le 26 décem­bre 1950.

On con­nais­sait la comé­di­enne, la danseuse et la chanteuse, nous décou­vrons Sophie Tel­li­er auteure. Avec la vie tumultueuse de Liane de Pougy, elle a écrit un spec­ta­cle déli­cieux et incar­ne divine­ment cette fig­ure de la Belle Époque. Avec sa mag­nifique sil­hou­ette corsetée, elle fait vivre ce per­son­nage éblouis­sant et fan­tasque. Elle a su dress­er le por­trait de cette « scan­daleuse » qui a fait avancer, grâce à sa mar­gin­al­ité, la lib­erté de la femme. Elle est Liane de Pougy qui nous racon­te sa vie, ses joies et ses combats.

Ce spec­ta­cle est un petit bijou. En émail­lant le texte de chan­sons emprun­tées au réper­toire de son con­tem­po­rain Rey­nal­do Hahn, mais aus­si de Bar­bara, de Juli­ette, de Boris Vian, de Gains­bourg, il nous fait décou­vrir une femme libre au des­tin sin­guli­er. Sophie Tel­li­er est accom­pa­g­née au piano par Luc-Emmanuel Bet­ton ou Djahiz Gil (en alter­nance) qui sont de véri­ta­bles parte­naires et non de sim­ples accompagnateurs.

Dans la petite salle du Par­adis du Lucer­naire, les très belles lumières d’Anne Gayan accom­pa­g­nent et sub­li­ment Sophie Tel­li­er, qui évolue dans une scéno­gra­phie sim­ple et effi­cace faisant appa­raître der­rière un tulle des man­nequins pou­vant sym­bol­is­er les con­quêtes de la scan­daleuse cour­tisane. C’est Jean-Luc Revol qui signe la mise en scène de ce réjouis­sant spec­ta­cle musi­cal à décou­vrir sans aucune hésitation.

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