Rencontre avec Christine Khandjian, co-auteure des paroles des chansons.
Parlez-nous de vos collaborations avec Stéphane Ly-Cuong...
Notre rencontre remonte à 1999, il était assistant pour un casting que je passais. Nous avons eu un rendez-vous et immédiatement cela a « matché » entre nous. Nous avions tous deux suivi un cursus à Paris VIII, moi en théâtre, lui en cinéma, et partagions le même amour pour la comédie musicale. En 2000, je fais une apparition en roller dans son court-métrage : La Jeune Fille et la Tortue. Notre amitié n’a fait que grandir. Pour son court suivant, Paradisco, il me confie le personnage de Mme Tang, celle qui propose la poudre magique à Sinan Bertrand !
Ensemble, voilà… vingt ans, nous avons décidé de monter le spectacle : Les Nouveaux Romantiques. Un tournant, donc, pour une toute nouvelle aventure avec Anandha Seethanen, Mark Marian, Olivier Ruidavet et Pascal Bolantin au piano. Les représentations devaient durer un mois, mais nous avons joué les prolongations. Si vous êtes attentifs, vous remarquerez l’affiche du spectacle dans une scène de Dans la cuisine des Nguyễn… Il faut dire que le personnage de Coco est un peu inspiré de Stéphane à cette époque. La scène de partage des mirifiques recettes c'est du vécu ! Si nous n’avons pas pu gagner notre vie avec ce spectacle, il est à marquer d’une pierre blanche pour ce travail de troupe extraordinaire et amical.

Vient ensuite Cabaret jaune citron, une comédie musicale sur un livret de Stéphane. Nous avons écrit ensemble les paroles et j'ai composé la majeure partie des musiques, An Ton-That se chargeant des musiques additionnelles. La création remonte au festival Diva, puis le spectacle évolue, s’étoffe avant qu’il ne connaisse sa création pleine et entière au Vingtième Théâtre, qui sera suivie par trois reprises à l’Auguste Théâtre. On y découvre Clotilde Chevalier dans le rôle de… Yvonne Nguyēn. En parallèle nous collaborons sur l’adaptation de Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, sur l’impulsion d’Isabelle Georges. Après la création au Théâtre La Bruyère à Paris, la grande comédienne espagnole Silvia Marso a produit, interprété et fait adapter en espagnol notre spectacle dans une nouvelle mise en scène. Nous sommes allés l'applaudir à Madrid. La version espagnole Veinticuatro horas en la vida de una mujer a reçu le prix Broadway World Spain du meilleur musical de petite forme. Puis, nous sommes allés la retrouver en 2018, à Barcelone, pour la version catalane. Avec Stéphane, nous sommes complémentaires : lui est fort en scénario, moi en chanson ! Et en 2020, il me propose de travailler avec lui aux paroles d’un film…
Comment s’est déroulé ce travail ?
Même s’il comporte quelques similitudes (le nom du personnage principal, le rôle important de la mère, Georges Nguyēn comme époux potentiel idéal !), le film n’est pas du tout l’adaptation de Cabaret jaune citron. Ce nouveau projet devait avoir son identité propre.
Au départ nous n’avions aucune musique, le scénario contenait déjà des paroles qui prédéterminaient ce que le film allait devenir. Nous avons œuvré ainsi pendant un an. Mon travail a consisté, en marge de l’écriture à proprement parler, à faire très attention à la musicalité, que les accents toniques tombent bien sur la musique et réciproquement. À partir du moment où la musique a été composée, j’ai révisé, parfois modifié des paroles pour que tout soit parfait. J’ai parfois également ajusté les paroles pour qu’elles soient plus en harmonie avec son interprète.
Nous avons fait certains allers-retours. Ainsi pour la chanson vietnamienne : nous l’avons écrite principalement en français, puis elle a été traduite. Nous avons dû la re-traduire pour la sous-titrer. Nous avons alors modifié sensiblement les paroles, afin de respecter l’ajout poétique de la traduction vietnamienne. Pour la chanson « Fleur de lotus », nous avions initialement exagéré le trait pour faire rire. Au final, nous avons conservé quelques références sans en faire trop, de manière à ce que l’humour soit encore plus fort.
En conclusion ?
Stéphane, je le considère comme un frère. Nous avons débuté ensemble, et connaître cette reconnaissance, même tardivement, est un pur bonheur. Nous savons que ce métier est dur, nous nous sommes tenus par la main durant ce long chemin, sans jamais nous lâcher, moi comme autrice-compositrice qui ai la chance de m’associer à un grand scénariste, et aussi parfois comme comédienne. Finalement, nous avons une complémentarité : il tempère mon exubérance, nous sommes la parfaite osmose du poivre et du sel !