Sinéad O’Connor, l’inoubliable musicienne irlandaise au timbre à la fois intense et fragile, également connue pour ses convictions politiques et ses engagements sociétaux, est décédée hier à l’âge de 56 ans.
Si « Nothing Compares 2 U », paru en 1990, reste le titre emblématique de cette artiste atypique aux influences pop rock et folk, on se souvient aussi que, deux années plus tard, sortait dans les bacs Am I Not Your Girl?, un album composé de reprises de standards de jazz et de comédie musicale.
Dans le domaine du jazz, on y trouve notamment « Why Don’t You Do Right? » et « Black Coffee », deux titres pour lesquels Peggy Lee reste une référence. « Fly Me to the Moon » et « My Heart Belongs to Daddy » feront partie des bonus de l’album réservés à l’export au Japon.
Côté comédie musicale, on peut entendre « Bewitched, Bothered and Bewildered » du célèbre duo de compositeur et parolier Richard Rodgers et Lorenz Hart pour la pièce Pal Joey ; « Secret Love » du film musical Calamity Jane qu’avait créé Doris Day en 1953 ; « I Want to Be Loved by You » de la comédie musicale Good Boy, immortalisé par Marilyn Monroe dans le film Some Like It Hot. Mais c’est l’iconique « Don’t Cry for Me Argentina » extrait d’Evita d’Andrew Lloyd Webber que choisit Sinéad O’Connor pour faire la promotion de l’album.
En 2009, la nouvelle publication de I Do Not Want What I Haven’t Got, son deuxième album, paru en 1990, est l’occasion de découvrir une reprise de « You Do Something to Me » de Cole Porter, extrait de Fifty Million Frenchmen :
En 1994, Sinéad O’Connor fait partie des artistes invité·e·s par l’harmoniciste Larry Adler sur l’album The Glory of Gershwin – aux côtés de Kate Bush, Sting, Cher, Elvis Costello, Elton John, Peter Gabriel… Elle interprète « My Man’s Gone Now », l’air de Serena extrait de l’opéra Porgy and Bess. Un documentaire la montre au travail sur l’enregistrement de cette chanson particulièrement difficile à exécuter :
Si l’amateur de comédie musicale, d’opéra et de jazz a dans l’oreille d’autres interprétations plus marquantes ou plus définitives de ces airs et des standards, on ne peut nier la sincérité de Sinéad O’Connor dans ces reprises. L’émotion, le trouble, la vulnérabilité, la passion qui s’en ressentent resteront les qualités de cette artiste attachante à la personnalité unique. Et la rage sourde, la révolte, comme dans la chanson du film In the Name of the Father :