Alban, trentenaire célibataire idéaliste et en transition professionnelle, est en pleine crise existentielle. Une soirée arrosée, des amis, quelques ingrédients inhabituels, et le voilà parti pour son « pays des merveilles » à lui : le musée de son existence…
Avec ironie et harmonie, quatre comédiens-chanteurs livrent totalement a cappella une œuvre psychédélique décortiquant notre société, ses doutes, ses contradictions et ses quêtes.
La pièce a été créée dans le cadre du festival Mises en Capsules.
Notre avis : Parti sacrément culotté que cette pièce musicale a cappella, écrite par Raphaël Callandreau et présentée dans l’écrin, qui semble fait pour elle, de l’Essaïon. Disons le tout net : le résultat est épatant, et nous ne saurions que vous encourager à découvrir cette œuvre originale dans tous les sens du terme, servie par une mise en scène simple, mais astucieuse, relevée par des chorégraphies espiègles et de jolies lumières.
Tout commence par une théorie sur les vibrations. Celles qui parcourent le public sont assurément positives durant l’heure et quart que dure le spectacle. Nous suivons donc l’itinéraire d’Alban, trentenaire en plein marasme sur tous les plans. Il se rend toutefois à cette fête, en traînant des pieds. Il est alors loin de se douter de l’aventure qui l’attend puisque, après l’avoir refusée, une bouchée d’un space cake – bouchée qui contient plus de space que de cake – va le propulser vers un voyage intérieur où il ne découvrira rien de moins que le sens de la vie, ou tout du moins de la sienne. Emmené d’une pièce mentale à l’autre par une entité malicieuse, il revisite son enfance, ses relations avec ses parents, son premier et seul amour, ses tensions avec un associé de travail qui tire la couverture à lui. Il ira même jusqu’à converser avec un Alban adolescent, ce qui lui permettra de vérifier si ses jeunes espoirs ont trouvé une concrétisation dans sa vie adulte. L’écriture de Raphaël Callandreau, toute en finesse, déjoue tous les pièges que nous aurions pu craindre. Le récit, d’une belle fluidité, où l’humour n’est jamais très loin (là encore, utilisé tout en finesse) fait ressortir une personnalité riche, mais sans pour autant être extravagante : chaque spectateur peut se reconnaître en Alban, tout du moins dans certaines phases de son parcours. Il convient de saluer, comme il se doit, toute l’équipe extraordinaire qui évolue sur le plateau. Le chant a cappella n’est pas simple à maîtriser : le quatuor s’en sort brillamment, flattant les oreilles de l’auditoire avec des harmonies splendides. Tout un chacun pourra se prendre au jeu des références musicales, nombreuses. Mais pas de pastiche ici ou d’hommage appuyé : l’auteur sait parfaitement apposer sa griffe.
Alors la vérité se trouve-t-elle dans un space cake ? Nous serions tenté de répondre par la positive. Une chose est néanmoins certaine : un vrai plaisir de théâtre musical, éloigné des standards du genre, se trouve bel et bien dans Ego-système !