En route pour la 42e Rue #1

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La première des Musicales de Rémy Batteault le dimanche 26 mars à 15 heures au Publicis Cinémas donne l'occasion de se pencher sur 42nd Street, film de référence à bien des égards qui fête ses 90 ans cette année. Pour réserver, suivre ce lien.

Au début des années 1930, le monde allait – déjà – bien mal. Le krach de 1929 venait de tor­piller l’é­conomie et de ruin­er beau­coup d’en­tre­pre­neurs ; l’in­fla­tion galopait – déjà – et le chô­mage avec ; débu­tait alors la Grande Dépres­sion. C’est dans ce con­texte mori­bond qu’un cer­tain nom­bre de films légers ont été pro­duits par les stu­dios améri­cains, rel­a­tive­ment épargnés par la crise et résol­u­ment tournés vers l’indus­trie du diver­tisse­ment – surtout que les pos­si­bil­ités en ce sens s’é­taient beau­coup élar­gies depuis la sor­tie, en 1927, de ce qu’on con­sid­ère comme le pre­mier film par­lant, Le Chanteur de jazz.

On misa alors beau­coup sur les films musi­caux, a pri­ori fes­tifs et capa­bles de soulager – du moins, le temps de la pro­jec­tion – les angoiss­es du pub­lic. En 1933, les stu­dios Warn­er en sor­tirent pas moins de trois : 42nd Street (42e Rue), Gold Dig­gers of 1933 (Chercheuses d’or de 1933) et Foot­light Parade (Pro­logues). Par­mi leurs nom­breux points com­muns, ces trois films parta­gent celui de béné­fici­er de la présence au générique d’un cer­tain Busby Berkeley.

Image du film 42nd Street.

Ayant déjà fait ses armes sur les scènes de Broad­way et dans quelques films, ce choré­graphe hors pair va, en cette année 1933, impos­er son style. Plutôt que de met­tre en valeur des com­pé­tences tech­niques indi­vidu­elles – comme c’est le cas avec Fred Astaire et Gin­ger Rogers… d’ailleurs on notera la présence de cette dernière dans 42nd Street dans un rôle sec­ondaire savoureux –, il utilise l’ensem­ble de la troupe pour créer des motifs géométriques ébou­rif­fants, sur­réal­istes, kaléi­do­scopiques, qui sont – c’est l’a­van­tage du ciné­ma sur la scène – filmés dans divers plans auda­cieux, par exem­ple de dessus grâce à des grues ou de vrai­ment très près. Les show­girls – il y a par­fois quelques boys aus­si ! – évolu­ent donc dans un gigan­tesque bal­let où leurs corps sont autant d’élé­ments d’un puz­zle mou­vant. Autre car­ac­téris­tique du style de Bus­by Berke­ley, l’in­ser­tion de plans rap­prochés sur les vis­ages souri­ants de cer­taines des danseuses – sélec­tion­nées pour la beauté de leurs yeux – ajoute au glam­our des tableaux.

Image du film 42nd Street.

Sex­istes, ces numéros ? Sans doute, car non seule­ment ils sem­blent réduire la femme à un rôle pure­ment déco­ratif mais aus­si, du fait de la prox­im­ité de la caméra aux corps large­ment dénudés, ils par­ticipent d’une forme de voyeurisme en exploitant une sen­su­al­ité à l’écran qui trans­gresse la tacite con­ven­tion d’alors – même s’il est déjà rédigé, le fameux Code Hays, qui trace les con­tours de l’ac­cept­able et impose une auto­cen­sure, n’en­tr­era en appli­ca­tion qu’en 1934 ; cela dit, même si toutes les audaces sem­blent a pri­ori per­mis­es ou tolérées, les scé­nar­istes de 42nd Street ont tout de même pris soin de ne pas con­serv­er la liai­son homo­sex­uelle qu’en­tre­tient le per­son­nage prin­ci­pal dans le roman qui leur a servi de point de départ.

Image du film 42nd Street.

 

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