La comédie musicale rock de Broadway aux quatre Tony Awards enfin en France !
À travers ses chansons et ses confidences, Hedwig, chanteuse rock transgenre est-allemande « ignorée au niveau international », accompagnée de son choriste et mari Yitzhak et de son groupe The Angry Inch, raconte son parcours chaotique : son adolescence de mauvais garçon à Berlin-Est, sa fascination pour le rock et son envie de liberté, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l’Allemagne en épouse d’un sergent américain…
Ni homme ni femme, entre humour queer et confidences trash, Hedwig, au milieu du gué, bouscule tous les codes de la bienséance, et raconte surtout l’histoire de son premier amour devenu l’une des plus grandes stars du rock qu’il/elle ne cesse de poursuivre…
Deux récompenses aux Trophées de la Comédie Musicale 2024. Hedwig est incarnée par Brice Hillairet, Molière de la révélation 2020. Création Off-Broadway en 1998 et adapté au cinéma en 2001 par John Cameron Mitchell.
Notre avis : Voilà plus de dix ans que Hedwig a parlé de son « angry inch » à Broadway, après avoir séduit les spectateurs du Off-Off-Broadway. L’auteur et interprète originel John Cameron Mitchell en a tiré un film. Revendicatif, irrévérencieux, trash, queer et loufoque, ce spectacle, qui n’est ni un stand-up ni une comédie musicale, est arrivé en France. Après une résidence parisienne, des représentations à Avignon puis au Café de la Danse, Hedwig revient donc, en grande forme à la Scala Paris pour les fêtes de fin d’année. L’exact opposé de Hello, Dolly!
Hedwig évoque son enfance allemande, ses amours et sa lutte pour accepter ce bout de chair qui lui reste entre les jambes après une opération désastreuse. Une fois encore, la performance de Brice Hillairet séduit facilement son auditoire. Il ne ménage pas ses efforts pour incarner soir après soir cette diva punk, délurée et déjantée devant un public « le plus merveilleux du monde », flatterie qu’il avoue répéter à chaque représentation. Les chansons restent en anglais, un astucieux dispositif de traduction permet à tout un chacun d’en saisir le sens. À ce stade, saluons les interprètes qui entourent Hedwig : musiciens et chanteurs sous la houlette de Raphaël Sanchez, maquillé comme un des protagonistes de Kiss.
Se relevant de tous ses malheurs, notamment la trahison d’un amour à qui elle a tout donné, Hedwig offre un message d’espoir et se met à nu devant l’auditoire. Cette personnalité excentrique et égocentrique, le spectateur la suit dans ce qui peut s’apparenter à une renaissance. Les décibels hurlent un mal de vivre, s’adoucissent pour évoquer des moments plus tendres.
En outre, vous apprendrez la différence entre une chanteuse de rock et une chanteuse punk lorsque cette dernière ingère une boisson. Prévenons les âmes sensibles d’éviter les quatre premiers rangs… Tout comme les potentiels sugar daddies, qui peuvent être pris pour cibles. Un spectacle toujours inclassable, ce qui en fait indéniablement sa force.