Le dernier chef‑d’œuvre de Shakespeare dans une nouvelle version musicale.
Un grand spectacle épique et poétique, du jamais vu à la Huchette !
Prospero, duc de Milan, est trahi par son frère et exilé avec sa fille Miranda sur une île déserte. Tirant de ses livres un pouvoir magique, il réduit en esclavage le monstrueux Caliban, et prend à son service Ariel, esprit du vent. Douze ans plus tard, alors que le navire de son frère passe à proximité, Prospero provoque une tempête pour le faire échouer sur l’île…
Une œuvre universelle sur le chemin de la vengeance au pardon.
Notre avis : Avec sa quinzième mise en scène, Emmanuel Besnault propose une version étonnante de la dernière pièce écrite par Shakespeare, créant avec une belle inventivité un pont entre le réel et la fantaisie.
En effet, sur cette île, nous trouverons des humains mais également des divinités et d’autres créatures presque mythologiques, typiques de l’univers shakespearien. Malgré la simplicité des décors – un drap faisant office de vagues puis de sable, des panneaux de bois sur les côtés rappelant tantôt un bateau tantôt une caverne –, on est transporté dès les premières minutes au cœur de cette Tempête, de laquelle découleront tous les enjeux de la pièce.
La magie opère. Une nappe musicale amenée avec pertinence et précision guide le spectateur tout au long de l’œuvre, y compris dans cette histoire d’amour touchante où les voix d’Ethan Oliel et de Marion Préïté s’accordent avec beaucoup de poésie.
Outre la subtilité de la mise en scène, à la hauteur de la programmation de la Huchette, le talent des trois comédiens n’a d’égal que leur passion pour les mots de cet auteur de génie. Rarement avons-nous pu assister à une si brillante incarnation des personnages. Jérôme Pradon offre un Prospero à la fois attachant avec sa fille et terrifiant lorsqu’il déchaîne sa colère sur ses ennemis. De même, Ethan Oliel propose une palette de douceur et de folie particulièrement bien dosée, et Marion Préïté enchante par sa justesse de jeu et sa voix divine en Ariel, l’esprit de l’air au service du Duc.
Rien n’est plus passionnant à voir que le mariage réussi des arts au service d’une œuvre. L’utilisation des masques pour certains personnages burlesques et divins magnifie le talent des comédiens et participe avec réussite à l’immersion totale des spectateurs dans cet univers fantastique.
Cette façon ingénieuse d’aborder le théâtre classique et l’écriture subtile de Shakespeare rend cette pièce accessible à tout type de public. En un mot : bravo !